jeudi 2 décembre 2004

Le Réveil d'Apollon


"... On regarde Apollon et on pense 'Louis'."

Préfiguration de la galerie des Glaces de Versailles au moment de son édification, la galerie d'Apollon du musée du Louvre a été rouverte au public, il y a quelques jours seulement, après trois ans de travaux de rénovation. Dégradée par les visites et confrontée à divers problèmes techniques, la célèbre galerie du premier étage de l'aile Denon a, en effet, dû être fermée en janvier 2001. Espace solennel et ostentatoire commandé en 1661 par Louis XIV à l'architecte Louis Le Vau et au peintre Charles Le Brun*, elle ne fut terminée que deux siècles plus tard par Félix Duban, ornée entre temps de quelque cent-cinq oeuvres d'art réalisées sur les murs et la voûte par de nombreux artistes peintres, décorateurs et sculpteurs français qui s'y succédèrent**, de Charles Le Brun à Eugène Delacroix.
La salle de soixante et un mètres de long et de quinze de hauteur de plafond, élaborée à la gloire du jeune roi, s'inspire du mythe du dieu solaire Apollon et de la course du soleil, l'emblème que le monarque vient de se choisir, dans l'espace et le temps. Mais Louis XIV, délaissant Paris pour Versailles, laissera l'ouvrage inachevé. Au XVIIIe siècle, l'Académie royale de peinture, installée dans le palais royal abandonné par le souverain, fait de la galerie d'Apollon sa salle de réunions. Elle décide de compléter le décor, et quatre espaces du plafond, restés vacants, sont confiés à de jeunes artistes. Après la Révolution, le Louvre devient un musée. La galerie d'Apollon, en mauvais état, doit être rénovée. C'est à l'architecte Félix Duban qu'est confiée, en 1848, cette restauration. Duban demande au peintre Eugène Delacroix de décorer le compartiment central de la voûte, le plus vaste, encore vierge. Celui-ci, s'inspirant des travaux réalisés sous la conduite de Le Brun, y réalise une de ses œuvres importantes : "Apollon vainqueur du serpent Python". Terminée en 1851, la galerie d'Apollon abrite depuis le trésor constitué par les rois de France.
Le documentaire de Jérôme Prieur est une œuvre très intéressante où se mêlent histoire et arts. Tourné pendant le récent chantier de restauration de la galerie, il permet d'en approfondir, grâce aux commentaires de nombreux intervenants (voir liste ci-après), les origines et les trois principales étapes successives de sa construction. Il montre aussi les artistes, artisans de la rénovation, au travail. La densité informative du Réveil d'Apollon est considérable, tant sur le plan historique et politique qu'artistique et architectural, mais le film reste largement accessible à un public néophyte. Il offre une visite unique, dans des conditions exceptionnelles, de l'un des plus beaux spécimens du patrimoine culturel français.

Intervenants :
Ecrivains : Philippe Beaussant, Gérard Macé.
Universitaires : Peter Burke (prof. d'histoire culturelle, Emmanuel College, Cambridge), Daniel Dessert (chercheur, Paris IV), Bruno Foucart et Alain Mérot (prof. histoire de l'art, Paris IV), Dolf Oelher (prof. littérature comparée, Bonn), Jean-Marie Pérouse de Montclos (dir. recherche, CNRS).
Musée du Louvre : Geneviève Bresc (conserv. en chef départ. sculptures), Jean-Pierre Cuzin (conserv. général du patrimoine), Michel Goutal (architecte en chef des monuments historiques, resp. du domaine du Louvre), Vincent Pomarède (conserv. général départ. peintures), Arlette Sérulaz (conserv. en chef départ. arts graphiques, dir. Musée Delacroix).
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*déjà associés pour la construction du château de Vaux-le-Vicomte du surintendant Fouquet.
**François Girardon, Balthazard Marsy, Jean Bérain, Joseph Guichard, Charles-Louis Muller, Jacques Gervaise, Thomas Regnaudin, Jean-Hugues Taraval, Louis Durameau, Jean-Jacques Lagrenée le Jeune, Antoine François Callet et Antoine Renou.

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