dimanche 12 décembre 2004

J'ai horreur de l'amour


"T'as pas quelque chose de plus gai à nous raconter ?"

Avec ce deuxième long métrage, on retrouve une certaine identité, propre à la réalisatrice, mais dans une atmosphère singulière, celle, délicate, de la tragi-comédie. J'ai horreur de l'amour joue, en effet, à la fois sur la légèreté et la gravité, parfois même en les superposant. Et le résultat est une réussite. "Prix de la jeunesse" en section parallèle à Cannes en 1997, le film est, avant Ordo, sans conteste, la meilleure réalisation de L. Ferreira Barbosa.
Le docteur Annie Simonin (Jeanne Balibar) est médecin généraliste à Paris. Séparée de son mari, qui appartient au corps hospitalier, elle vit une existence essentiellement tournée vers ses patients. Parmi ceux-ci, Laurent Blondel (Laurent Lucas), atteint du H.I.V., n'est pas insensible au charme de son médecin traitant. Annie rencontre chez des amis Richard Piotr (Jean-Quentin Châtelain), un acteur de théâtre. Ce dernier vient, peu après, consulter Annie pour des motifs assez peu sérieux, ce qu'elle interprète comme un prétexte pour la revoir. Comme elle ne le trouve pas déplaisant, elle imagine qu'une relation peut naître entre eux. Mais Richard va rapidement se révéler être un dangereux persécuteur hypocondriaque, accusant Annie de lui avoir, par négligence, inoculé le virus du sida.
Ce film de plus de deux heures se déguste avec enthousiasme. Quelles sont les ingrédients de cette réussite ? Un scénario simple mais efficace, une mise en scène affermie depuis Les Gens normaux... et un casting convaincant. L'histoire de J'ai horreur de l'amour est celle d'un trio au sein duquel se nouent la solitude, la mort, le temps, la folie et, bien sûr, l'amour. Tragi-comédie qui finit par se donner des faux airs de thriller, le film est, avant tout, d'une grande intensité humaine. Avec, en toile de fond, des thèmes sérieux et difficiles comme la maladie ou la mort, il réussit pourtant à être extrêmement vivifiant et optimiste. Une scène est caractéristique de ce message. Alors qu'il subit une batterie d'analyses à l'hôpital, dans un environnement où l'égo(centrisme)ïsme est la règle, Laurent décide de passer au second plan pour ne s'intéresser qu'au sort d'Annie, mise en péril par Richard. Les dialogues, souvent profonds, parfois brillants, sont remarquablement bien servis par le couple d'acteurs Balibar-Lucas. L'actrice, rarement en défaut au cours de sa carrière, est splendide, au sens artistique du terme ! A noter, la présence de membres de l'équipe Deschamps-Makeïeff, Bruno Lochet et Philippe Duquesne. Enfin, l'utilisation de la chanson de Joe Dassin, "Salut les amoureux", pour illustrer certaines scènes est une riche idée; elle participe beaucoup à la magie du film. 

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