Charles Mingus
Si un terme, souvent galvaudé, ne l'est pas à propos de Charles Mingus
c'est celui de génie. Et pourtant, s'il n'avait été qu'un
contrebassiste, il est vraisemblable que son nom serait aujourd'hui
oublié. Car ce métisse natif de l'Arizona, élevé au son du blues et du
gospel dans le quartier de Watts à Los Angeles, est avant tout un
compositeur. Il a laissé une oeuvre qui lui ressemble intimement :
complexe, bouillonnante et engagée. Comme Oscar Pettiford (Coleman Hawkins, Dizzy Gillespie, Duke Ellington)
qui l'a influencé, il est violoncelliste classique avant de devenir, à
l'âge du collège, contrebassiste de jazz. A début des années 1940, il
tourne avec Louis Armstrong
puis rejoint le groupe de Lionel Hampton. Dans les années 1950, il a
brièvement la possibilité de jouer avec celui qui lui a fait, lorsqu'il
était adolescent, découvrir le jazz, Duke Ellington. Ce qui lui donne également l'occasion de devenir le seul musicien viré par le père de "Sophisticated Lady" et de "In a Sentimental Mood".
C'est avec l'album "Pithecanthropus Erectus", sorti en 1956, que Mingus
s'affirme comme leader et compositeur, explorant les styles, en
particulier le free. Malgré sa disparition des scènes à partir de 1962,
les années 1960 (une période difficile sur le plan personnel) et 1970 seront les plus riches de sa carrière, marquée notamment par "Let My Children Hear Music", paru en 1972, un disque qualifié par certains de testament musical.
A noter que John Cassavetes a choisi des œuvres de Mingus pour illustrer la partie non-originale du score de son expérimental Shadows et que le contrebassiste a partiellement composé la musique du méconnu Echoes of Silence de Peter Emmanuel Goldman.
Montreux 1975
A partir de 1969, Charles Mingus
fait progressivement son retour sur scène. En 1974, il donne un concert
au Carnegie Hall, qui fait l'objet d'un enregistrement, suivi par deux
albums, "Changes One" et "Changes Two". L'année suivante, il figure dans l'impressionnante programmation (Dizzy Gillespie, Ella Fitzgerald, Oscar Peterson, Count Basie, Archie Shepp, Roland Kirk, Bill Evans) du festival de Montreux installé dans le nouveau casino de la paisible ville au bord du Lac Léman.
Le 20 juillet, le quintette de Mingus
reprend, dans des versions rallongées, des titres de ces deux derniers
disques auxquels s'ajoutent le classique, splendide et emblématique "Goodbye Pork Pie Hat" et le standard ellingtonien signé Billy Strayhorn, "Take The "A" Train".
Pour ces deux morceaux, la formation est rejointe par le saxophoniste
baryton Gerry Mulligan et le trompettiste Benny Bailey... ce renfort
mettant d'ailleurs un peu de temps à se mettre en place. La captation
fait en revanche l'impasse sur le titre "For Harry Carney" qui
ouvrait le concert. Enfin, pour l'anecdote, signalons que la composition
du quintette apparaît à deux reprises à l'écran... oubliant étrangement
à chaque fois l'infortuné batteur Dannie Richmond.
La formation :
Contrebasse : Charles Mingus
Piano : Don Pullen
Batterie : Dannie Richmond
Saxophone ténor, chant : George Adams
Trompette : Jack Walrath
Invités :
Saxophone baryton : Gerry Mulligan
Les titres :
1. Devil Blues
2. Free Cell Block F, 'Tis Nazi USA
3. Sue's Changes
4. Goodbye Pork Pie Hat
5. Take The "A" Train
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