mardi 7 décembre 2004

Inguélézi


"Road Closed"

Le moins que l'on puisse dire est que le septième long métrage de Francois Dupeyron tranche avec les précédents, en particulier les trois derniers. Inspiré d'un fait divers réel qui, avant le film, a donné naissance à un roman signé par le réalisateur, Inguélézi est un film modeste dans ses moyens comme il l'est dans ses ambitions. Faire le récit, réaliste voire naturaliste, d'une simple mais insolite échappée, parfois sauvage, à travers la France et la Grande-Bretagne, qui aurait pu s'interrompre au bout d'une demi-heure.
Geneviève Maertens (Marie Payen) vient de perdre prématurément son mari. Elle est bouleversée par cette disparition au point d'être tentée de s'isoler, même de ses proches. Sur la route du retour de l'enterrement, Geneviève croise et s'arrête sur le lieu d'une collision entre deux véhicules. Un camion est couché sur le côté, en flammes. Le lendemain, la presse rapporte le fait divers et précise que le camion transportait des réfugiés étrangers ayant, pour la plupart, trouvé la mort dans l'accident. Geneviève découvre que l'un d'entre eux s'est caché dans le coffre de sa voiture. La jeune femme l'emmène chez elle, s'occupe de lui. Kader (Eric Caravaca), turc qui ne parle pas français, veut se rendre en Angleterre. Après avoir hésité, Geneviève prolonge la garde de sa petite fille par sa mère et accompagne Kader de l'autre côté de la Manche.
Entre drame personnel et drame social, Inguélézi a surtout du mal à trouver son rythme. De plus, cette muette rencontre (dans un drôle d'endroit) entre deux êtres vulnérables aurait probablement gagné en force si la réalisation avait été moins médiocre sur le plan visuel. Tourné en DV, le film est, dans son parti pris de réalisme, mis en scène de manière assez confuse et (volontairement ?) inesthétique. Dans son souci de lutter contre la "lourdeur", Dupeyron tombe dans l'excès inverse, non pas la grâce, mais une certaine désinvolture. Eric Caravaca, décevant dans sa quatrième collaboration avec le cinéaste, développe un jeu tristement uniforme. C'est sur Marie Payen, aperçue dans plusieurs personnages de second plan depuis J'ai horreur de l'amour, que repose le principal intérêt du film. On aimerait la voir, à présent, interprétant un autre premier rôle dans un film plus convaincant. 

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