"Deux choses me font peur : les belles femmes et la fièvre aphteuse."

Voilà
un western classique et sans prétention mais singulièrement jouissif.
Alerte, avec un scénario solide, bien mis en scène et bien interprété,
il mérite une attention plus que convenue.
Le scénario est adapté d'un roman de Owen Wister
qui a inspiré pas moins de trois précédents films (deux muets de Cecil B. DeMille
en 1914, et de Tom Forman
en 1923 et la version, plus connue, de Victor Fleming
avec Gary Cooper
en 1929), une pièce et un film pour la télévision.





L'histoire, elle aussi classique, est celle d'une jeune femme de la côte
nord-est des Etats-Unis qui part pour le Wyoming du centre-ouest pour
être institutrice des enfants de colons, éleveurs ou fermiers. Elle
devient rapidement l'objet de toutes les attentions, en particulier de
deux vieux amis cowboys, le séduisant Virginian et "l'encore adolescent" Steve, ainsi que du douteux Trampas dont les troupeaux augmentent plus vite que ne le permet la nature.

Premier de cinq films (dont quatre westerns) en tant que réalisateur pour le monteur Stuart Gilmore (notamment de Preston Sturges
), The Virginian
(stupidement traduit par un Traitre du Far West
!)
est particulièrement dense, bien rythmé sans aucun temps mort. Mais
c'est probablement son classicisme, bien maîtrisé, qui en constitue le
charme principal. Par exemple dans le contraste initial entre le Vermont
civilisé de la belle Molly et le sauvage Wyoming qui est,
d'emblée, marqué par ce train arrêté par un troupeau de bovins. Le
manichéisme entre le bien, un peu moralisateur et un mal, séducteur et
lâche est tout aussi intéressant que les dialogues (en v.o.)
savoureux. Les notions de propriétés et de justice sont développées avec
humour et nuances, comme dans la confrontation entre les deux
principaux personnages féminins du film (même si nous avons droit à
un cinglant : "nous construisons un pays et il n'y a pas de place pour
les faibles", caractéristique du rêve américain). La justice encore, implacable, qui nous vaut également la scène, émouvante, de la pendaison.




Joel McCrea
est un Virginian plus que convaincant (dans une certaine mesure, peut-être plus que Gary Cooper
). Il incarne à merveille l'intégrité et la séduction rustique susceptible de charmer instantanément la jolie Molly à la recherche de nouveaux horizons. Celle-ci est jouée par Barbara Britton
qui symbolise une émancipation contrôlée ; mais l'Ouest américain,
malgré les légendes, que l'on ne s'y trompe pas, est foncièrement
matriarcal. Un regret toutefois : l'absence de scène qui donne
véritablement sa dimension d'institutrice à Molly. Sonny Tufts est le sympathique joueur qui sait perdre Steve, et Brian Donlevy
interprète le côté obscur dans toute sa noirceur.




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