Rooster Cogburn (une bible et un fusil)

"Peut-être que les plumes de ma queue pendent un peu, mais je chante encore plus fort que tous les autres dans la cour."

Promenade touristique au milieu des splendeurs naturelles de l'Oregon, Rooster Cogburn vaut en effet essentiellement pour la beauté des décors. Pour le reste, le deuxième film (et western) de Stuart Millar, plus connu pour avoir produit Little Big Man, ne vaut pas son chargement de nitroglycérine.

Le ressort, si l'on peut dire, du film est un peu faible : un shérif à la gâchette facile, destitué pour cette raison, est chargé de récupérer cette cargaison et d'empêcher qu'un vol d'or ne soit commis grâce à elle. Un peu d'action, beaucoup de paroles, notamment dans les nombreux face à face entre les deux légendes du cinéma que sont John Wayne et Katharine Hepburn.

Oui, parce que Reuben "Rooster" Cogburn et Eula Goodnight (des noms à coucher dehors,... et ils le font !) sont effroyablement bavards. Tout les oppose : le sexe (trivial, me direz-vous !), un sudiste et une yankee, un incroyant ivrogne et une bigote (enfin, pas tout à fait). Le temps paraît quand même bien long. Et les quelques timides rebondissements ne parviennent pas à nous tenir en haleine.

Tout le film repose donc, outre la visite des parcs naturels, sur l'inédit duo d'acteurs vedettes. Nés la même année et le même mois, Katharine Hepburn et John Wayne ne s'étaient, en effet, jamais croisé à l'écran.

Autant l'avouer, nous aurions préféré que cela se fasse avant cet âge, disons, avancé. L'actrice conserve un charme certain mais sa pétulance s'est fanée. L'acteur, dans son avant-dernier rôle au cinéma et qui retrouve là son personnage de True Grit (1969) d'Henry Hathaway, donne encore un peu le change mais ne convainc pas vraiment. C'est tellement vrai que l'on a parfois l'impression que la "jeune classe", constituée principalement par Anthony Zerbe et Richard Jordan, ne joue pas dans le même film. Seule la curiosité ou le souci exhaustivité peut inciter à son visionnage.