"Je comprends ce que Eisenhower voulait dire. Il a dit qu'il
a passé neuf longues années avec MacArthur... à étudier l'art
dramatique !"

Le public américain est friand de ces fresques qui célèbrent leurs grandes figures militaires. Après le Patton
de près de trois heures réalisé par Franklin J. Schaffner
(1970), Joseph Sargent
a consacré un peu plus de deux heures à un autre général, Douglas MacArthur
.
Le premier a essentiellement combattu, pendant la Seconde Guerre
Mondiale, sur les champs de bataille de l'Europe du sud et de l'Afrique
du nord. Il a également prédit, dès 1935, l'attaque japonaise de Pearl
Harbor. Le second, qui n'a quasiment pas quitté la zone Pacifique, doit y
affronter les conséquences de cette attaque. Fils d'un militaire qui
s'est illustré pendant la guerre de Sécession, Douglas MacArthur
est l'un des plus brillants élèves de West Point. Sous les ordres de
son père, basé à Tokyo, il se familiarise avec les méthodes de guerre
japonaises et le peuple du Japon. Après la Première Guerre mondiale, on
lui confie la charge de West Point.





En
1935, il accepte le mandat de conseiller auprès du président des
Philippines pour l’aider face à la menace grandissante des Japonais.
Après l’attaque de Pearl Harbor, il est nommé commandant en chef des
troupes américaines d’Extrême-Orient. La mauvaise défense de Luçon (Philippines) a permis aux Japonais de progresser rapidement. MacArthur
et ses hommes résistent héroïquement dans la péninsule de Bataan et sur
l'île de Corregidor et il devient un héros. Mais les efforts américains
se concentrent sur le front européen et aucun renfort n'est acheminé
vers le Pacifique.

C'est à cette époque que s'ouvre le film. En mars 1942, le Président Roosevelt ordonne au général MacArthur
de se retirer en Australie et le promeut commandant suprême des forces
alliés dans le Pacifique sud. Celui-ci n'aura de cesse que de retourner
aux Philippines via la Nouvelle-Guinée, grâce à une stratégie originale
de contournement. Elevé au grade de général 5 étoiles, il s'apprête à
envahir le Japon lorsque sont larguées les bombes A sur Nagasaki et
Hiroshima. Il n'a plus qu'à recueillir la reddition japonaise sur le
porte-avion USS Missouri. Chargé de l'administration et de la
reconstruction du pays, il participe à sa modernisation et sa
démocratisation en préservant sa dignité. Il doit faire face, ensuite, à
la tête des troupes de l’ONU, à l'offensive nord-coréenne en Corée du
sud. Il repousse l'agresseur au delà de ses frontières et débute
l'invasion du nord. Mais la menace chinoise d'une crise majeure oblige
le Président Truman à le limoger.

Joseph Sargent
, plus réputé pour son travail télévisuel que pour ses oeuvres au cinéma (The Taking of Pelham One Two Three
reste certainement son meilleur film... et Jaws: The Revenge
son plus mauvais !) compose un portrait moins intimiste que celui de Schaffner
dans Patton
.
La mise en scène est classique, alternant les scènes d'action à celles
dans lesquelles les psychologies sont développées.
L'opposition/attraction entre pouvoir exécutif et pouvoir militaire est
assez bien décrite, de même que la rivalité entre les différents corps
d'armée. L'influence croissante de la communication et de la télévision y
occupe une place significative (pour l'anecdote, quelques images de Winchester '73
apparaissent dans une scène). L'hésitation constante entre "devoir-honneur-patrie" (slogan plus ambigu qu'il n'en a l'air)
et rébellion est également bien traduite. En revanche, on ne saura pas,
à la vision de ce film, si l'homme était authentiquement humain et
sympathique comme il le suggère ou s'il n'était qu'un militaire aux
aspirations fascistes doublé d'un anticommuniste primaire comme
l'atteste certaines sources.







Le film est, bien entendu, centré autour de MacArthur/Gregory Peck
. L'interprétation de l'acteur, sans atteindre celle de George C. Scott
dans Patton
, est solide. Le choix de Peck
participe à l'objectif, conscient ou inconscient, de rendre son
personnage attachant. Dans une perspective de véracité historique, cela
constitue peut-être un handicap. Jerry Goldsmith
est l'auteur du score du film (comme de celui de Patton
d'ailleurs... et d'autres films du genre). La partition, contrairement à celle du film de Schaffner
,
n'est pas très inspirée, le compositeur y brosse plutôt des ambiances
que des thèmes forts, contrairement à ce que laissait espérer le
générique de début.







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