vendredi 24 octobre 2003

Midway (la bataille de midway)


"Je veux ce quatrième porte-avions !"

Etonnant de penser que pendant que se déroulait cette bataille de Midway, se trouvait, sur place, un certain John Ford (qui y sera d'ailleurs blessé par l'ennemi) tournant un documentaire dont l'un des narrateurs n'est autre qu'Henry Fonda qui interprète, dans le film de Jack Smight, le rôle de l'amiral Nimitz.
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Winston Churchill a qualifié cette confrontation américano-japonaise, au large d'Hawaï, qui s'est déroulée du 4 au 7 juin 1942 de "plus grande bataille navale" de tous les temps. Elle est la conséquence directe de l'attaque de Pearl Harbor qui avait eu, notamment, pour effet de déséquilibrer le rapport de forces navales entre les deux pays. La supériorité nippone dans les airs est, en outre, manifeste grâce au nombre de portes-avions (10 contre 3 pour les US) et à la qualité des pilotes. Les Etats-Unis sont sur la défensive.
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Le film débute avec un raid de bombardiers américains sur des villes japonaises, dont Tokyo, en avril 1942. L'opération est davantage un " coup de bluff " qu'une réelle tentative de passer à l'offensive, mais elle prend, pour les deux camps, valeur de symbole. Côté américain, elle remonte le moral des combattants et de l'arrière, durement éprouvé après les défaites de Pearl Harbor et Bataan. Du côté japonais, elle frappe de stupeur l'opinion publique et dissipe les illusions de l'état-major impérial, qui comprend enfin, après s'être laissé enivrer par ses victoires, que la vraie guerre vient seulement de commencer. L'amiral Yamamoto, qui a inspiré le raid sur Pearl Harbor, comprend mieux que tout autre que l'attaque a été un échec politique et militaire. Se replier sur les territoires conquis, en laissant à l'US Navy le temps de se remettre du coup reçu serait une grave erreur. Pour vaincre les Etats-Unis avant que leur formidable puissance économique leur ait permis de redresser la situation, il faut contraindre leur flotte à livrer combat, lui opposer le gros de la marine impériale et l'écraser en une seule bataille.
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Ainsi naît l'idée d'une attaque contre Midway : isolée au centre du Pacifique, la prise de la petite ile de Midway permettrait aux japonais de menacer directement les iles Hawaii et la côte ouest des États-Unis. Logiquement - et c'est bien ce qu'espère Yamamoto - les américains lanceront donc toutes leurs forces dans la défense de Midway. Une opération de diversion menacant les Aléoutiennes, dans le Pacifique Nord, permettra ensuite de les diviser, en éloignant un ou deux portes avions. La flotte japonaise, entièrement mobilisée pour la circonstance, rassemble 200 bâtiments (8 porte-avions, 11 cuirassés, 13 croiseurs lourds et 11 croiseurs légers, 60 destroyers et de nombreux transports de troupes et ravitailleurs), emportant 600 avions, auxquels l'amiral Nimitz ne peut opposer que 76 navires, dont 3 portes-avions, et un peu plus de 300 avions, dont ceux basés à Midway.
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Midway est structuré en deux parties de durées quasiment égales : la première expose la mise au point des stratégies respectives des deux états-majors, sorte de partie d'échecs maritime à distance, avec la faculté de cacher certaines de ses pièces à l'adversaire. Elle réunit, également, dans une intrigue parallèle, le capitaine Matthew Garth (Charlton Heston) et son fils, Thomas, enseigne-pilote récemment affecté à Honolulu. La seconde partie met en scène la bataille elle-même, utilisant assez souvent des images d'archives ou d'autres films (cf critique DVD). Les vols de reconnaissance et les combats ou attaques aériens sont majoritaires. L'alternance, presque équilibrée, entre les points de vue américains et japonais est intéressante pour comprendre les enjeux de l'opération et l'évolution des situations.
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Assez peu connu du grand public, hormis peut-être pour son médiocre Airport 1975 qui précède Midway avec le même Heston ou pour ses réalisations de télévision, Jack Smight a réussi, au cours de sa carrière*, à changer de genre. Il a su maîtriser les moyens mis en jeu pour Midway et donner un certain souffle à son film de guerre, assez bien illustré musicalement, par la partition du très actif John Williams. Midway, malgré sa distribution prestigieuse, n'est pas un film d'acteurs (ce devait être, dans une première approche, un documentaire scénarisé). C'est le fait historique et l'action qui mobilisent toutes les attentions du metteur en scène. Heston, seul personnage de premier plan qui soit fictif, sort un peu (seulement un peu) du lot parce que le scénario en fait le centre de gravité du film et grâce à l'intrigue parallèle. Mais Henry Fonda apparaît moins souvent que Toshirô Mifune et James Coburn, Glenn Ford, Robert Mitchum et Robert Wagner font de la quasi figuration.
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*qui s'est interrompue en 1989 sur le plan professionnel et définitivement le 1er septembre dernier, date de son décès.

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