lundi 27 septembre 2010

White Material


"... Toi, tu ne veux pas qu'on te prenne ce que tu as."

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Retour au source, à double titre, pour Claire Denis à l'occasion de ce dixième long métrage de fiction. Vingt et un ans après son premier film, la fille d'administrateur colonial prend en effet à nouveau le Cameroun(1) de son enfance comme décor anonyme pour ce drame allogène. Elle offre également à l'Ivoirien Isaach De Bankolé, l'un des interprètes principaux de Chocolat, un second rôle symbolique et "pseudonymique" aux côtés d'un trio inédit constitué d'Isabelle Huppert(2), de Christophe Lambert et de Nicolas Duvauchelle(3). Co-signé par la romancière Marie NDiaye(4), White Material est aussi la seconde production (après L'Intrus) de la cinéaste candidate à un "Lion d'or" vénitien.
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Dans un pays d'Afrique occidentale en proie à une rébellion civile, Marie tente de sauver la récolte de café de la plantation appartenant au père de son ex-mari André Vial. Gérante de fait de l'exploitation, elle a refusé d'évacuer le pays avec les militaires français. Mais elle doit trouver des semainiers pour pallier la fuite de son personnel, inquiet de l'extension des troubles qui menacent à présent la région et dont la population civile est la première victime. Des enfants, isolés ou en bandes armées, errent à proximité de la propriété. Blessé au ventre, 'Le Boxeur', un des principaux rebelles, se cache dans un bâtiment de la plantation. Après lui avoir offert de la nourriture, Marie part en ville pour recruter des ouvriers et chercher à son collège José, le fils de Lucie et d'André.
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Sous la tangible influence de récits signés par la Britannique Doris Lessing(5), White Material apparaît pourtant davantage comme celui, impressif et rétroactif (narration en flash-back imbriqués), d'une émotion brutale, d'un bouleversement désormais inévitable que d'une séquence, graduelle et rationnelle, d'incidents liés aux vestiges du colonialisme(6). Le titre traduit d'ailleurs assez bien, au-delà de l'idée essentielle de (dé)possession, la perte d'humanité, d'illusoire fraternité. C'est le chaos, l'abandon des êtres que Claire Denis met en scène avec une certaine langueur, au risque d'affaiblir la tension dramatique de son film. Si plusieurs éléments du scénario laissent perplexes (la relative inconsistance des personnages secondaires, notamment 'le Boxeur', la démence "bicklienne" de Manuel...), l'interprétation intuitive, naturelle de Maria (aveugle ou dénégatrice au nom de l'appartenance ?) par Isabelle Huppert est étonnante et constitue l'un des atouts majeurs du film.
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1. après avoir fait des repérages au Ghana et au Kenya.
2. avec laquelle elle avait travaillé sur Retour à la bien-aimée en tant qu'assistante de Jean-François Adam.
3. dirigé auparavant à deux reprises dans Beau travail et Trouble Every Day.
4. française de père sénégalais, attributaire des prix "Fémina" 2001 et "Goncourt" 2009.
5. en particulier l'ouvrage de souvenirs "African Laughter: Four Visits to Zimbabwe" (1992) plus que "The Grass is Singing", son tout premier roman paru en 1950, proposé au stade du projet par Huppert.
6. le film se démarque ainsi très nettement de productions inspirées de la tragédie rwandaise tels Hotel Rwanda, Shooting Dogs ou Sometimes in April.

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