"Well, it's slightly complicated for him to shot, slugged and stabbed himself, particulary in the back."
Débutée en 1929 au sein de la Paramount avec The Canary Murder Case (dans lequel William Powell interprétait déjà le personnage principal et Louise Brooks tenait le rôle-titre), l'adaptation de la série de douze romans "Philo Vance" de Willard Huntington Wright alias S.S. Van Dine se poursuit sous pavillon Warner(1). Celle-ci confie la réalisation de The Kennel Murder Case à Michael Curtiz, arrivé aux Etats-Unis en 1926 et qui succède ainsi notamment à Frank Tuttle, auteur de deux épisodes. Pour la quatrième et ultime fois, William Powell reprend le costume de l'élégant et perspicace enquêteur occasionnel(2). La future vedette de The Thin Man y retrouvait une nouvelle fois Eugene Pallette en sergent Ernest Heath et Mary Astor, sa partenaire du muet The Bright Shawl.
Au terme de l'infructueuse présentation de son Scottish Terrier Captain MacTavish au concours du Kennel Club de Long Island, Philo Vance croise Archie Coe, lequel regrette de ne pas avoir le plaisir de le vaincre en finale. Lors de la soirée, le riche collectionneur multiplie contre lui les animosités. A celles de sa nièce Hilda Lake dont il contrarie les projets en contrôlant sa fortune et de son frère Brisbane, parti sans accepter de lui parler à Chicago par le train de dix-sept heures, s'ajoutent à présent les ressentiments de Sir Thomas MacDonald qui le soupçonne d'être à l'origine de la mort de son chien Ghillie, de sa maîtresse Doris Delafield et du nouvel amant de celle-ci, l'Italien Grassi chargé par le musée de Milan d'acquérir la collection de vases chinois de Coe désormais hostile à ce projet ou encore de son cuisinier Liang, engagé pour la constituer. Juste avant le dixième coup de l'horloge publique, une détonation retentit dans la maison de Coe. Au matin, Gamble, son nouveau domestique venu lui apporter le petit-déjeuner, trouve porte close. Par le trou de la serrure, il aperçoit le cadavre de Coe et alerte aussitôt le secrétaire Raymond Wrede du suicide de leur employeur. En apprenant la nouvelle à bord du paquebot encore à quai qui doit l'emmener en Italie, Vance appelle son ami le procureur Markham. Sceptique sur la réalité du suicide, il décide de renoncer à son voyage et de rejoindre en compagnie de ce dernier le sergent de police Heath au domicile du mort.
Très plaisant Whodunit, considéré par certains historiens du cinéma comme l'un des sommets de l'"Age d'or du roman de mystère", The Kennel Murder Case sort sur les écrans au moment où, de l'autre côté de l'Atlantique, Lord Edgware Dies, troisième investigation menée à l'écran par Hercule Poirot, entre en production. Malgré leurs spécificités, il existe en effet une relative parenté littéraire entre les œuvres des contemporains Agatha Christie et S.S. Van Dine. Une multiplicité de pistes, donc de suspects, le goût pour la péripétie ou le rebondissement et cet astucieux mélange de gravité et d'humour qui ont fait la renommée mondiale de la romancière et dramaturge britannique (moins celle de son homologue !). Au-delà des "trucs" de réalisation parfois employés par Michael Curtiz, ce qui frappe surtout dans ce domaine consiste en l'extrême et moderne vivacité avec laquelle l'intrigue est présentée puis développée. Un évident sens du rythme narratif, caractérisé par une gradation maîtrisée et une absence de temps morts (chaque transition apporte son lot d'informations). Parfaitement à l'aise dans ce personnage d'ingénieux dandy, servant d'efficace (et contrasté !) auxiliaire de police, William Powell offre ici sa meilleure prestation du rôle. Dans un emploi un peu commercial et cosmétique, Mary Astor ne justifie véritablement que pour ces raisons sa position au générique. Eugene Pallette poursuivra quant à lui une cinquième et dernière fois l'aventure dans The Dragon Murder Case aux côtés de Warren William, éphémère remplaçant de Powell, de Robert 'Markham' McWade, d'Etienne 'Doremus' Girardot mais aussi de Margaret Lindsay et Lyle Talbot. Le film fera, sept ans plus tard, l'objet d'un remake, Calling Philo Vance sous la direction de William Clemens (Nancy Drew) avec James Stephenson et Margot Stevenson en têtes d'affiche.
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1. après un intermède MGM et douze courts métrages, explication de l'association entre le studio et sa filiale spécialisée The Vitaphone Corporation.
2. endossé à sa place par Basil Rathbone dans The Bishop Murder Case.
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