House on Haunted Hill (la nuit de tous les mystères)

"Who knows? Fear makes people do amazing things."

Deuxième des cinq films, tous à vocation horrifique, issus de la collaboration entre l'écrivain-scénariste Robb White et le réalisateur William Castle (assistant sur The Lady from Shanghai et producteur de Rosemary's Baby notamment), House on Haunted Hill reste, plus d'un demi-siècle après sa sortie, l'un des meilleurs opus du cinéaste. Mieux doté que Macabre, distribué quelques mois auparavant, mais fondamentalement tout aussi souterrain, ce huis clos orchestré se situe à l'intersection de deux genres, souvent complémentaires, ayant un peu tendance ici à se neutraliser. Mais ne sommes-nous pas prêts à tous les sacrifices pour apprécier Vincent Price en pleine possession de ses moyens ?

Sur une idée de sa ravissante quatrième épouse Annabelle, le millionnaire Frederick Loren a organisé une insolite réception dans une maison réputée hantée. Conduits jusqu'à destination en corbillards et surtout motivés par la somme de dix mille dollars offerte par leur hôte à chacun de ceux qui y passeront toute la nuit, les invités sont le pilote d'essai Lance Schroeder, la journaliste Ruth Bridgers, l'héritier putatif des lieux et alcoolique Watson Pritchard, le psychiatre David Trent et Nora Manning, une jeune employée de Mr. Loren. A peine arrivés, les cinq candidats se retrouvent enfermés dans le salon et voient le lustre osciller mystérieusement avant de s'effondrer. Nora ne l'évite que grâce à la prompte intervention de Lance. Pendant ce temps à l'étage, Loren et Annabelle échangent des propos aigres-doux, se soupçonnant réciproquement de vouloir éliminer l'autre, la jeune femme refusant finalement de se joindre à la fête. Après avoir évoqué les assassinats sauvages de quatre hommes et trois femmes dans la maison, Pritchard entreprend une visite commentée des lieux. Des gouttes du sang d'une jeune victime resté au plafond coulent sur la main de Ruth. Puis le guide de circonstance emmène le petit groupe dans le sous-sol où un viniculteur nommé Norton aurait précipité sa femme dans une cuve d'acide.

Réputés pour être accompagnés, lors de leur projection public, de gimmicks(1), les films de William Castle possèdent d'évidentes qualités atmosphériques. Mais la primauté accordée au climat peut parfois traduire quelques faiblesses narratives ; House on Haunted Hill n'en est pas exempt. A partir d'une amorce assez classique (proche de celles des The Haunting et The Legend of Hell House à venir), le scénario de Robb White semble en effet progressivement extravaguer, multiplier les climax sans réelle graduation et, du même coup, égarer le spectateur. Même s'il ne tient pas toutes ses promesses, le film dispose d'un atout maître, la présence de Vincent Price(2) dans un rôle moins conventionnel que ceux habituellement confiés. Le natif de St.-Louis y était opposé à la féroce blonde Carol Ohmart(3), partenaire d'Anthony Quinn pour The Wild Party et que l'on reverra notamment dans Spider Baby. Parmi leurs partenaires figurent Richard Long, acteur de série télévisée et second rôle de quelques solides productions (Criss Cross, The Stranger...), l'Australien Alan Marshal(4) au crépuscule de sa carrière et le doyen Elisha Cook Jr. (The Maltese Falcon, Shane, Rosemary's Baby...). Au prix d'une indécente surenchère financière (1M$, budgétaire mais pas forcément artistique !), William Malone livrera en 1999 une nouvelle version de House on Haunted Hill avec Geoffrey Rush et Famke Janssen dans les rôles principaux.

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1. nommé "Emergo", squelette qui apparaissait sur la scène en même temps que celui à l'écran et survolait les spectateurs.

2. interprète du docteur Warren Chapin dans The Tingler du même duo Castle-White, à l'affiche un peu plus de cinq mois plus tard.

3. engagée en 1955 par la Paramount pour en faire, sans y parvenir, la nouvelle Marilyn Monroe.

4. séducteur patenté de la fin des années 1930 et premier choix pour être Rhett Butler dans Gone with the Wind.