mardi 27 avril 2010

Carnival of Souls (le carnaval des âmes)


"I don't belong in the world."

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Pour la grande majorité des cinéphiles, le nom d'Herk Harvey n'évoque rien. Diplômé d'art dramatique, acteur puis réalisateur de plusieurs centaines de productions éducatives et industrielles indépendantes, ce natif du Colorado doit sa réputation auprès des autres pour un unique film, Carnival of Souls, tourné dix ans après ses tout premiers courts métrages. Passé presque inaperçu lors de sa sortie, ce drame horrifique, ambitieux mais à petit budget, est peu à peu devenu une référence pour certains cinéastes et l'objet d'un engouement d'une partie du public de genre au même titre que les plus connus La Maschera del demonio de Bava ou Night of the Living Dead de Romero (qu'il a probablement influencé).
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Arrêtés à un feu rouge, deux jeunes hommes à bord d'un coupé noir provoquent une course avec les trois passagères d'une autre automobile. Lorsque les deux véhicules empruntent, côte à côte, un étroit pont, celui des jeunes femmes fait un écart, percute le fragile parapet en bois et tombe dans le fleuve. En raison de la crue et de la boue, les secours n'arrivent pas à localiser les victimes. Pourtant l'une d'entre elles, Mary Henry, parvient plusieurs minutes après à rejoindre la rive en état de choc. La voiture engloutie reste introuvable. Engagée comme organiste dans une paroisse de l'Utah, la miraculée quitte bientôt la ville de ses études, bien décidée à ne plus jamais y revenir. Sur la route, la nuit tombée, la radio à bord devient soudainement muette. Mary aperçoit au loin une imposante bâtisse près d'un lac puis, au milieu de la route, une nouvelle apparition d'un homme inquiétant qu'elle évite en dirigeant brusquement son auto vers le bas-côté. Interrogé sur le bâtiment remarqué, un employé d'une station-service lui révèle qu'il s'agit d'anciens thermes transformés en parc d'attraction laissé depuis longtemps à l'abandon ; il lui indique ensuite la toute proche pension de Mme ThomasMary a réservé une chambre.
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C'est en découvrant le site désaffecté de Saltair (Salt Lake City) que l'idée d'y tourner un film vient à Herk Harvey. Avec John Clifford, rencontré aux studios Centron et avec lequel il venait de collaborer pour un court métrage, Harvey élabore une histoire où la nuit(1), les apparitions mortuaires et la disjonction sociale (vitale) occupent des fonctions déterminantes. Si l'on ne peut raisonnablement contester l'originalité relative(2) de Carnival of Souls, les propriétés cohésives du scénario (et l'intérêt narratif de la rébarbative cour engagée par John Linden) restent à démontrer. La particularité du climat impressionniste imaginé par le duo, le jeu hétérodoxe de Candace Hilligoss, dans son premier et pénultième rôle au cinéma, contribuent cependant à la réputation de ce film auquel Adam Grossman a (hélas !) voulu, en 1998, donner (avec la caution de Wes Craven) une nouvelle version.
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1. "In the dark, your fantasies get so out of hand. But in the daylight everything falls back into place again."
2. proche, sur le plan du concept, de certains épisodes de la série The Twilight Zone, le film ne peut nier sa filiation avec I Walked with a Zombie de Jacques Tourneur, l'un des rares cinéastes à avoir élevé la série B au rang de chef-d'œuvre.

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