vendredi 10 octobre 2008

Lucky Luciano


"Qui est la plus belle ordure, toi ou Luciano ?"

 - film - 11908_4
Du milieu des affaires à celui, tout aussi meurtrier, des gangsters il n'y a qu'un pas que franchit Francesco Rosi en ce début des années 1970. Toujours produit par le Turinois Franco Cristaldi (M. Claudia Cardinale) et également signé par Tonino Guerra, cette fois en compagnie de Lino Iannuzzi*, Lucky Luciano résume les seize dernières années de l'un des principaux parrains de la mafia de New York. Avec cette coproduction, le cinéaste napolitain ne connaîtra cependant pas un succès comparable à celui du précédent film, Il Caso Mattei, ni même d'une autre biographie consacrée à un bandit sicilien, Salvatore Giuliano, tournée dix ans auparavant.
 - film - 11908_8
Condamné en 1936 à cinquante ans de prison, Salvatore Lucania dit Charles 'Lucky' Luciano est gracié dix ans plus tard pour services spéciaux rendus aux forces armées des Etats-Unis et renvoyé en Italie. Après un bref séjour à Palerme, l'ex-roi de la pègre new-yorkais s'installe à Naples où il semble mener une vie rangée et paisible. Le Narcotics Bureau dirigé par Harry J. Anslinger reste néanmoins convaincu qu'il dirige en sous-main l'important trafic de drogue entre l'Europe et le continent américain. L'agent Charles Siracusa, chargé de mettre en évidence les preuves de cette implication, compte sur les informations que pourra lui communiquer Gene Giannini avec lequel Luciano est en relations.
 - film - 11908_10
La démarche suivie par Francesco Rosi se démarque radicalement de celle, romanesque, de Robert Siodmak pour son Deported. Une narration linéaire, néanmoins troublée par quelques flash-back dans la première partie du métrage, un scénario fondé pour l'essentiel sur les dialogues, la ressemblance physique de Gian Maria Volonté avec Luciano** et la présence dans son propre rôle de Charles Siracusa fondent le caractère authentique, quasi documentaire, de Lucky Luciano. Cet atout "historiographique" participe naturellement à renforcer le propos démystificateur (voire même socialisant) de Rosi à l'égard de son personnage. Mais il contribue aussi à la relative austérité et à la longueur subjective du film. Même l'unique rencontre à l'écran entre Volonté et Rod Steiger ne répond pas véritablement aux attentes qu'elle pouvait faire naître. Lucky Luciano présente, au final, plus d'intérêt dans la compréhension du travail du cinéaste que considéré isolément.
___
*avec lequel il adaptera trois ans plus tard Cadaveri eccellenti.
**ensuite incarné, de façon moins convaincante, par Christian Slater (1991) et Andy Garcia (1997).

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire