samedi 25 octobre 2008

All I Desire


"How can everything seem the same to you?"

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All I Desire marque assurément la première véritable incursion de Douglas Sirk dans le mélodrame classique. Après quelques comédies plutôt réussies, cette adaptation de "Stopover", roman publié en 1951 de Carol Ryrie Brink surtout connue pour ses ouvrages pour la jeunesse (Caddie Woodlawn, 1935), annonce en effet cette formidable série qui vaut encore aujourd'hui au réalisateur sa réputation internationale. Deuxième des dix collaborations (dont le point ultime et culminant sera Imitation of Life six ans plus tard) avec l'ancien acteur reconverti en producteur Ross Hunter, ce drame socio-familial réunissait pour la seule fois le couple Barbara Stanwyck-Richard Carlson, à l'affiche séparément de pas moins de trois autres films en 1953.
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Artiste de médiocres spectacles de vaudeville à Chicago, Naomi Murdoch reçoit un soir une lettre inattendue. Sa fille cadette Lily, qu'elle n'a pas revue depuis son départ du domicile conjugal près de vingt ans plus tôt, l'invite à la représentation théâtrale, dans laquelle elle tient le rôle-titre, organisée à l'occasion de la fin de la scolarité. Malgré une certaine appréhension, Naomi retourne donc dans la petite ville de Riverdale (Wisconsin) où elle retrouve, au plus grand étonnement de ses membres, la petite famille qu'elle a abandonnée. Son époux Henry, proviseur bientôt promu, son aînée Joyce, fiancée à Russ le fils du notable colonel Underwood, qui se montre d'emblée hostile, Lily qui adule la prétendue illustre comédienne en espérant tant suivre son exemple et le jeune Ted qui sert de parfois commis au commerçant Dutch Heineman, l'ex-amant de Naomi. Sans oublier la complice Lena, vieille cuisinière viennoise engagée à l'époque par le jeune couple Murdoch.
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"... D'un amour que je croyais perdu avec mes espoirs." D'une grande concision (le métrage ne fait qu'environ soixante-quinze minutes), All I Desire recèle pourtant une incroyable densité narrative. Le scénario adapté par Robert Blees (Magnificent Obsession), James Gunn (à ne pas confondre avec l'auteur de science-fiction homonyme) et l'écrivain viennois Gina Kaus* (tous deux collaborateurs successifs de Robert Wise notamment) offre il est vrai, avec une authenticité non feinte, son lot de bouleversements essentiels, incidents et émotionnels. Cette histoire de rédemption, fondée sur le thème de l'image et dont le décor se situe dans une paisible localité provinciale, se voit néanmoins sublimée par l'intelligence et la finesse de Douglas Sirk à mettre ainsi en scène des acteurs aussi talentueux que l'incomparable Barbara Stanwyck et le "polymorphe" Richard Carlson (qui venait de s'illustrer dans un western et deux films de science-fiction dont It Came from Outer Space). Sans oublier les excellents seconds rôles, la comédienne Marcia Henderson (récente interprète de Wendy dans une version de "Peter Pan" montée à Broadway), Lori Nelson (Bend of the River) et Maureen 'Jane' O'Sullivan... que l'on ne présente plus. Ou encore la Berlinoise Lotte Stein, vue chez Hitchcock, sur laquelle repose la légère touche de comédie dans un personnage sûrement proche sur le plan affectif de Sirk. Un peu à l'ombre des chefs-d'œuvre du genre traditionnellement répertoriés dans la filmographie du cinéaste, cette pépite ne doit surtout pas être négligée !
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*dont les ouvrages furent brûlés par le régime nazi.

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