vendredi 1 août 2008

The Kingdom (le royaume)


"Don't be afraid, we won't kill muslims (even if they are american)."*

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Les productions suscitées par le funeste 9/11 et la guerre en Irak dépassent désormais en nombre celles sur la guerre au Viêt-nam. Alors que Syriana, l'intéressant second film de Stephen Gaghan, investiguait les intrigues affairistes et diplomatiques entre les Etats-Unis et les monarchies pétrolifères du Golfe, la quatrième réalisation pour le cinéma du polyvalent Peter Berg mise davantage sur ses scènes d'action pour séduire un public surtout attiré par les cascades et la pyrotechnie. Une séduction toute relative puisque les recettes de cet important projet porté par Michael Mann et Scott Stuber (co-président chargé de la production chez Universal), n'ont que faiblement dépassé** le budget de 70M$ dont il était doté.
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Un effroyable et terriblement meurtrier attentat, opéré en trois temps, est perpétré pendant un match de softball dans la zone résidentielle fermée et protégée d'al-Rahmah (Riyad, Arabie Saoudite) réservée aux Occidentaux. Bravant l'interdiction formulée par le ministre de la justice G. Young et de la conseillère à la sécurité nationale, inquiets d'une possible aggravation de la situation, l'agent spécial Ronald Fleury décide d'emmener sur place un petit groupe composé de trois collaborateurs scientifiques du FBI. Fleury, Grant Sykes (spécialiste en explosifs), Adam Leavitt (analyse des renseignements) et Janet Mayes (expert médico-légal) y sont accueillis par le colonel Faris al-Ghazi de la police locale. Ils découvrent bientôt que celui-ci ne fait qu'assurer leur protection. L'enquête sur l'attentat a en effet été confiée à la garde royale du général Al Abdulmalik, hostile à une réelle collaboration et cantonnant l'équipe de Fleury au simple rôle d'observateur.
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Après un bref résumé des relations entretenues depuis 1932 par les Etats-Unis avec le royaume d'Arabie Saoudite confronté à l'intégrisme wahhabite, l'histoire signée par Matthew Michael Carnahan (le frère de Joe et également scénariste du récent Lions for Lambs) nous fait aussitôt entrer dans le vif d'une l'action inspirée par les dramatiques attentats d'al-Khobar (juin 1996) et de Riyad (mai 2003). Las, entre manipulations politiques, soif de vengeance et choc de civilisations, The Kingdom perd un peu de son unité et de sa consistance, le spectateur se trouvant même malmené par l'afflux débridé d'informations audiovisuelles et par une réalisation frénétique (pour ne pas dire chaotique !) simulant le réalisme du reportage de guerre. Le script, quasiment aménagé autour des seules séquences d'action, apparaît alors largement schématique et maladroit, notamment sur les essentiels enjeux humains et culturels qu'il néglige. Relativement efficace et (doit-on le dire ainsi ?) divertissant, The Kingdom ne prête en revanche pas à réfléchir et ne nous apprend pas grand chose.
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*affirmation lancée par un des terroristes de l'attentat d'al-Khobar à l'une de leurs victimes potentielles.
**près de 48M$ aux States et 39M$ à l'étranger, soit le moins performant des trois films de Berg et des quatre de Jamie Foxx tournés pour le studio.

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