"In this business, sometimes the biggest danger comes from the most stupid things."
Plus de trente ans après le début de sa carrière (quarante si on la fait débuter à son premier court métrage), David Cronenberg réussit à hisser encore le niveau qualitatif de ses productions et, plus généralement, à nous surprendre. Produit par Paul Webster, à l'origine il y a près de quinze ans du Little Odessa de James Gray, et par Robert Lantos (Crash, eXistenZ), Eastern Promises prolonge l'inspiration artistique et thématique inaugurée avec le déjà remarquable A History of Violence. Souvent nommé (Academy Awards, Golden Globes, BAFTA...), rarement élu, ce seizième film conforte indéniablement la place de ce réalisateur, longtemps considéré comme atypique, parmi les meilleurs de ses pairs.
Londres, 20 décembre. Une jeune femme, les pieds nus, entre dans une pharmacie pour y demander de l'aide avant de s'évanouir, victime d'une rupture placentaire. Hospitalisée d'urgence, elle décède en donnant naissance à une petite fille. Anna Ivanovna, sage-femme dans le service chargé de l'accouchement, récupère un petit carnet laissé par Tatiana, adolescente russe de quatorze ans prostituée et droguée. Elle en confie la traduction à son oncle Stepan afin de tenter d'y découvrir l'existence éventuelle d'une famille d'accueil pour le bébé baptisé Christine. Anna se rend quelques jours plus tard dans un chic restaurant russe dont une carte se trouvait dans le journal. Elle y rencontre Semyon, le propriétaire de l'établissement et membre influent du vori v'zakone (groupe de la mafia russe), qui nie connaître Tatiana mais se montre intéressé par son carnet, son fils Kirill ainsi que Nikolai Luzhin, leur chauffeur et homme de main.
Moins psychologique que We Own the Night dans lequel, la même année, le milieu russe d'Outre-Atlantique était évoqué, mais assurément plus viscéral, Eastern Promises emporte l'adhésion en raison de l'ambition, de la hauteur de vue et de la maîtrise de direction dont fait preuve David Cronenberg. Le film repose pourtant sur une histoire, signée par le Britannique Steven Knight, d'une grande mais intelligente simplicité narrative, où l'on retrouve des thèmes (clandestinité, esclavage) inspirateurs de ses précédents scénarii (Dirty Pretty Things, Amazing Grace). Si la prestation de Naomi Watts reste en-deçà de celles offertes par l'actrice australienne chez David Lynch ou Alejandro González Iñárritu, elle est ici compensée par les interprétations d'Armin Mueller-Stahl et surtout de Viggo Mortensen. A noter également la participation du cinéaste polonais Jerzy Skolimowski (Deep End).
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