"Gangster ou flic, c'est pareil. Il n'y a que les règles qui changent."
Succédant à la remarquable série Jingi naki tatakai en cinq (+3) épisodes, Kenkei tai soshiki boryoku, également signé par Kazuo Kasahara, sort un peu plus de deux mois après le solide Jingi no hakaba grâce auxquels Kinji Fukasaku recevra le "Blue Ribbon Shou" 1976 du meilleur réalisateur. Si elle présente l'essentiel des caractéristiques des précédents yakusa eiga du cinéaste, cette nouvelle production tirée de situations et d'événements réels ayant eu lieu à Osaka se montre plutôt moins inspirée et marquante. Une impression néanmoins partiellement modérée grâce à la présence de Bunta Sugawara, déjà acteur principal de Nihon boryoku-dan: Kumicho*, et d'Hiroki Matsukata (Kyokatsu koso Waga Jinsei).
Kurashima, 1963. Cinq ans après l'arrestation du parrain Ohara qui avait mis fin à la guerre entre les gangs de cette localité portuaire du sud du Japon, le débauchage par Kawadé de Mariko, une hôtesse travaillant jusque-là pour son rival Kenji Hirotani, remet le feu aux poudres. Des hommes de ce dernier déclenchent une violente bagarre au "Harem", un cabaret appartenant au groupe Ocean, en présence Tomoyasu, ex-caïd du clan Miyaké devenu conseiller municipal. Celui-ci aimerait, grâce à son influence et la corruption exercées sur le commissaire Ikeda, faire arrêter Hirotani. Mais le yakuza, bras droit et probable successeur d'Ohara bientôt libéré, a désigné un coupable au sein de son groupe. Sans crainte vis-à-vis de la police, il bénéficie en outre de la protection de l'inspecteur Kuno.
Spécialiste du film de yakusa (en particulier du jitsuroku eiga**), Kinji Fukasaku s'inscrit certes dans la lignée de ses aînés Tai Kato ou Kosaku Yamashita mais s'en affranchit par son point de vue critique sur la société nippone et par un sens visuel spécifique, alliant stylisation et crudité documentaire. Kenkei tai soshiki boryoku ne déroge pas aux choix thématiques et artistiques du réalisateur. La normalisation de la violence, l'occidentalisation des mœurs et la prépondérance du groupe y occupent toujours, en effet, une place déterminante aux côtés de la corruption des représentants de l'Etat et de la trahison développées par ce scénario. Mais ici, la description du chaos qui caractérise à la fois le fond et la forme du cinéma de Fukasaku semble avoir "contaminé" le récit lui-même, le rendant parfois un peu abstrus, en tout cas moins corrosif. Le casting, emmené par Bunta Sugawara, récompensé l'année suivante (en partie) pour sa prestation, et Hiroki Matsukata, ne souffre en revanche d'aucune faiblesse.
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*et de onze autres films de Fukasaku.
**où, sans repère, triomphent l'individualisme, l'immoralité, le mal par opposition au dichotomique "ninkyo eiga" reposant sur un code d'honneur.
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