"Les sales boulots, ça nous connaît."
C'est en apprenant, en 2001, qu'Edward R. Pressman, le producteur de la version originale du film, nourrissait le projet d'en faire un remake* que naît le souhait de Douglas Buck d'en devenir le réalisateur. Il semble que le partenaire de Terrence Malick ou d'Oliver Stone ait été suffisamment impressionné par les courts métrages du cinéaste pour lui confier le "bébé" en question. Si l'influence d'Hitchcock était manifeste dans le film de Brian De Palma, Buck revendiquait d'emblée celle de Roman Polanski. Tout en conservant la structure générale de Sisters, il en modifie nettement la thématique et la tonalité. Les refus d'Asia Argento** et d'Anna Mouglalis permettent à Lou Doillon de participer à sa première production étasunienne** en reprenant le rôle duel tenu avant elle par Margot Kidder.
A la clinique Zurvan, vouée à l'étude et au traitement des pathologies rares, la Française Angélique Turner fait la connaissance du jeune docteur Dylan Wallace. La patiente et assistante de longue date du dr Philip Lacan
essaie de se libérer de l'influence et du contrôle étroit qu'exerce sur
elle son patron, médecin et probable amant. S'opposant aux directives
de celui-ci, elle accepte d'être raccompagnée en ville par Wallace. Avant de partir, pendant qu'elle se change, Wallace remarque une longue et vilaine cicatrice sur le flanc de la jeune femme. Arrivée très tard devant l'immeuble où elle habite, Angélique invite son nouvel ami chez elle en lui demandant de ne pas réveiller Annabelle, sa sœur jumelle. Un peu plus tard, alors que les caméras du dr Lancan surveillent l'appartement et que Grace Collier, une reporter du "Village Spectator"
intéressée par les activités suspectes de celui-ci, attend dans son
véhicule en bas du bâtiment, le couple s'endort enlacé sur le canapé.
Levé au cours de la nuit pour se rafraîchir le visage, Wallace est très directement entrepris par celle qu'il croit être Angélique. Le matin, revenu avec un gâteau d'anniversaire destiné aux deux sœurs, Wallace découvre Annabelle
agenouillée dans le salon et comprend que c'est à elle qu'il a fait
l'amour. Celle-ci se retourne soudainement et le frappe au visage avec
ses aiguilles à tricoter puis s'acharne sur lui. Grace, introduite chez Lacan en son absence, se retrouve incidemment témoin du meurtre.
Le scénario signé par Douglas Buck et son professeur John Freitas,
tout en conservant le substrat horrifique de l'original, s'oriente
résolument vers des problématiques psychologiques dont le premier est,
on le sait, friand. Il gomme aussi la dimension de comédie, une mauvaise
nouvelle puisqu'il s'agissait de l'un des (rares) atouts du film de Brian De Palma.
On reste assez circonspect au spectacle de cette resucée, même mâtinée
d'un peu de moderne et naturelle provocation***. La construction de la
narration se montre en particulier singulièrement maladroite (l'incongrue confusion de celle de Sisters pouvait être mise sur le compte de son époque !) et l'interprétation des acteurs sans véritable relief. Si le remake de Buck possède une vertu, c'est probablement celle de donner envie de voir un autre film, Twin Falls Idaho par exemple !
___
*il a, semble-t-il, été un moment question de voir l'acteur Michael Ted Ferris le diriger.
**Asia Argento et Lou Doillon ont depuis partagé l'affiche du dernier film d'Abel Ferrara.
***à base de sexe, de tabac et de clin d'œil critique à l'actuel président des Etats-Unis.
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