No Reservations (le goût de la vie)

"I wish there was a cookbook for life, you know?"

Bella Martha, le très réussi premier long métrage de la cinéaste allemande Sandra Nettelbeck, avait connu dès 2001 un joli succès critique et public en Europe et aux Etats-Unis. L'annonce en 2005 d'un projet de remake n'avait alors pas constitué une véritable surprise, surtout parce que la cuisine, dont les étasuniens sont friands, se trouvait au cœur du scénario*. Pour diriger cette comédie dramatico-sentimentale, sorte de tardive antithèse au Frankie and Johnny de Garry Marshall, les productions ont jeté leur dévolu sur l'Australien Scott Hicks, le scénariste et réalisateur de l'étonnant Shine. Sorti quelques semaines après Waitress, le dernier film de la défunte Adrienne Shelly, No Reservations mettait en vedette un couple inédit, celui composé par la Galloise Catherine Zeta-Jones et par le Californien Aaron Eckhart en lieu et place de la Municho-berlinoise Martina Gedeck et du Romain Sergio Castellitto.

Chef cuisinier du restaurant chic "22 Bleecker" qui lui doit sa réputation, Kate Armstrong est totalement dévouée à son art. Perfectionniste, inventive, exigeante avec elle-même et les autres, elle a choisi de baliser sa vie privée avec pour seul objectif d'être et de rester une professionnelle dure mais irréprochable... Au point de devoir consulter régulièrement un psychologue sur injonction de sa patronne Paula. Mais sa sœur Christine, en route pour lui rendre visite, décède dans un accident de la circulation. Zoe, la fille de la jeune mère célibataire, seulement blessée est confiée à Kate. Cette soudaine et inattendue charge de vie bouleverse profondément l'existence trop bien réglée de celle-ci. L'inexpérimentée Kate se trouve notamment confrontée à la nécessité de gérer, le moins maladroitement possible, l'absence de la défunte et la souffrance consécutive de la petite fille. Elle découvre également bientôt l'engagement de Nicholas 'Nick' Palmer, un sous-chef un peu excentrique et aux influences culinaires très italiennes, pour pallier le prochain départ de Leah en congé maternité et les toutes nouvelles contraintes de Kate.

Comme dans les domaines de la gastronomie ou de la viniculture, les Etats-Unis font de temps en temps preuve d'un certain talent pour reproduire et adapter les productions cinématographiques européennes. Mais il manque souvent à ces répliques une profondeur et une authenticité que possèdent généralement les produits de terroir. S'il édulcore d'une manière perceptible le charme et les saveurs qui émanaient de Bella Martha, No Reservations en conserve néanmoins l'esprit et offre un spectacle plaisant, parfois émouvant (sauf pour ceux qui restent totalement rétifs aux conventions, au prévisible et aux "bons sentiments"). Dans les limites psychologiques et un peu caricaturales de leur personnage, Catherine Zeta-Jones et Aaron Eckhart offrent une prestation décente mais sans réelle surprise. Abigail Breslin, la jeune et désormais très sollicitée vedette de Little Miss Sunshine, finira-t-elle par faire de l'ombre à son aînée et amie Dakota Fanning ? Son honorable interprétation dans le film de Scott Hicks n'y apporte en tous cas pas de réponse décisive.

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*le Jin yu man tang de Tsui Hark pourrait être considéré comme un contre-exemple... Trop exotique ?!