mercredi 6 juillet 2005

Wu lang ba gua gun (les huit diagrammes de wu-lang)


"Sept quittant, six revenant."

Le dix-huitième film en tant que réalisateur de Liu Chia-liang est probablement l'un de ses meilleurs. L'un des plus sombres et violents aussi. S'inscrivant, de manière informelle, dans la continuité du Shi si nu ying hao de Cheng Kang, l'une des grandes réussites de la Shaw Brothers des années 1970, Wu lang ba gua gun est une tragédie historique et familiale dont la production ne bénéficie cependant pas du même contexte. Le studio hongkongais traverse, en effet, une phase délicate sur le plan financier et Alexander Fu Cheng, qui devait tenir l'un des deux rôles principaux, décède accidentellement un peu avant la moitié du tournage. Celui-ci sera interrompu pendant plusieurs mois avant d'être finalisé. Très différent dans la tonalité des Shao Lin san shih liu fang et Shao Lin ta peng hsiao tzu qui l'ont précédé, le film apporte une nouvelle et éblouissante preuve, si besoin en était, des brillants talents de chorégraphe et de metteur en scène de maître Liu, remarquablement bien servis, il est vrai, par un casting de grande qualité.
L'empire chinois des Song est menacé par l'invasion des Khitans. Grâce à leur aide, contre la promesse de leur ouvrir la frontière, le traître Pan Mei se défait, au cours de la bataille de Jinsha, de son rival, le général Yang Ye, et de ses fils, réputés pour leur loyauté à l'égard de l'empereur et pour leur technique à la lance. Seuls les cinquième et sixième fils réussissent à échapper à la mort et à s'enfuir. Liu-lang, qui a perdu la raison, retourne chez lui. Wu-lang souhaite se venger immédiatement de Pan Mei en témoignant de sa fourberie auprès de l'empereur ou en l'affrontant. Mais il écoute finalement le conseil d'un chasseur rencontré en chemin et qui s'est sacrifié pour lui. Après avoir transformé sa lance en baton, il décide de partir pour le temple bouddhiste du mont Wutai dans l'espoir de devenir moine.
Liu Chia-liang ferait-il du Chang Cheh, lui qui a pourtant toujours dénigré les côtés excessifs et sanguinaires des œuvres de son collègue ? En apparence seulement. La scène finale de Wu lang ba gua gun est, en effet, digne de Duk bei do wong. Mais cela serait minimiser l'importance et l'excellence des scènes de combat et la place accordée aux actrices dans la première des deux œuvres citées. Toutes les chorégraphies sont d'un niveau impressionnant, en particulier celle de la scène qui donne son titre français au film. Et n'est-ce pas le vaillante Kara Hui qui supplée Fu Cheng après la disparition de celui-ci, donnant lieu à une réécriture du scénario à son profit ? Il faut probablement interpréter cette violence explicite comme l'expression de la rage du réalisateur après la mort d'un acteur qu'il appréciait beaucoup et avec lequel il avait déjà tourné à trois reprises. Malgré ses quelques faiblesses narratives, Wu lang ba gua gun, tourné presque exclusivement en studios, est un film superbe et bien rythmé. La prestation de Gordon Liu est très convaincante, au moins égale à celle de Hung wen tin san po pai lien chiao dans lequel il avait déjà pour partenaire Yeung Ching-ching, ici dans un rôle qui, hélas, ne lui permet pas de mettre en évidence la valeur et la polyvalence de son jeu. 

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