"... Pour peaux mixtes."
Faut-il conseiller à Larry Cohen, le créateur de la série The Invaders*, d'aller consulter ? Il semble en effet développer, depuis Phone Booth, une obsession névrotique à l'égard du téléphone**. Le voilà qui encombre à nouveau les réseaux avec Cellular, un petit thriller pas trop mal fichu, dont le principal atout réside dans... son histoire (à ce propos, l'anecdotique reconversion du sergent Mooney est-elle un clin d'œil au personnage de Milo Janus joué par Robert Conrad dans An Exercise in Fatality ?). C'est également l'occasion pour le polyvalent (acteur, cascadeur, réalisateur de seconde équipe et... surfeur !) David R. Ellis de se montrer un peu plus probant après son deuxième long métrage, la décevante sequel Final Destination 2. Il réussit, sans éviter parfois de s'emmêler les fils, à insuffler de l'énergie à ce film qui aurait dû être le premier, en tant que réalisateur, du producteur et scénariste Dean Devlin (The Patriot, Independence Day). On ne peut, néanmoins, s'empêcher de songer à ce qu'en aurait fait le spécialiste de "l'embringué malgré soi" John McTiernan.
Un matin, Jessica Martin, l'épouse de Craig, un paisible agent immobilier, la mère d'un garçon de onze ans nommé Ricky et professeur de biologie dans un collège, est, sans raison apparente, brutalement enlevée chez elle par cinq hommes, emmenée et retenue dans le grenier d'une maison californienne. Après avoir bricolé de manière rudimentaire le téléphone détruit par l'un de ses ravisseurs, elle parvient à joindre le téléphone cellulaire d'un inconnu, Ryan, un jeune homme dont le seul soucis, jusque là, était d'essayer de reconquérir son ex-petite amie Chloé. Incrédule, il accepte cependant de s'arrêter dans un poste de police et de passer la communication à un officier. Arrivé sur place, il entend distinctement un des preneurs d'otage malmener Jessica et menacer de s'en prendre à son fils si elle ne révèle pas ce qu'il souhaite savoir. Ricky est effectivement kidnappé à la sortie de l'école. Ryan, pris au jeu de sa mission de sauvetage, poursuit les malfaiteurs.
"Si cela coupe, je suis morte !" Cinquante ans après Dial M for Murder (dans lequel la partition était plutôt : "si cela sonne, je meurs"), le téléphone est devenu un des accessoires incontournables de notre civilisation et, donc, un des rôles principaux au cinéma. Imaginez par exemple, un seul instant, la série 24 privée de portables. Que reste-t-il ? Le méconnu Message in a Cell Phone et l'horrifique Phone n'y survivraient pas non plus. La grande qualité de l'idée de Larry Cohen est, paradoxalement, sa simplicité. Bien sûr, le scénario et la réalisation ne s'embarrassent pas trop des vraisemblances, en particulier en confiant à un quelconque petit gars, possédant finalement de la ressource, le soin de sauver une famille entière des mains de censuré. La révélation qui change le sens du film à mi-métrage, le rythme de la mise en scène et du montage apportent, en tous cas, plus d'intérêt que l'interprétation des acteurs. En dehors de William H. Macy dans un rôle important sur le plan narratif mais secondaire à l'écran, ni Kim Basinger, vraisemblable caution du film, ni Chris Evans, pas tout à fait remis de ses "émotions" de Not Another Teen Movie, ni le Bruce Willis britannique Jason Statham ne parviennent à être réellement convaincants... au milieu d'ostentatoires fonds d'écran publicitaires.
___
*et scénariste de trois épisodes de la série Columbo des années 1970.
**en réalité, le pitch des deux films est assez ancien.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire