lundi 25 juillet 2005

Cry of the City (la proie)


"L'amour qui doit tuer ne peut pas durer."

C'est principalement dans le film noir et le polar, dès 1944 avec Phantom Lady, que s'est illustré Robert Siodmak. Son nom reste, bien sûr, associé à l'étonnant The Killers, d'après une histoire d'Ernest Hemingway et mettant en vedette le superbe couple Burt Lancaster-Ava Gardner, particulièrement efficace. Cry of the City est tiré d'un roman de Henry Edward Helseth, qui sera, plus tard, à l'origine du remake Un Aller simple de José Giovanni. Sans atteindre la qualité du précédent, le film est un très honnête policier produit par Sol C. Siegel, auquel on devra par la suite Fourteen Hours d'Henry Hathaway et Panic in the Streets d'Elia Kazan. Il est aussi l'occasion de la première et seule confrontation entre deux illustres représentants du genre, Richard Conte et Victor Mature.
Truand du Bronx new-yorkais, Martin Rome, grièvement blessé après avoir abattu le policier McReady, est hospitalisé. Ayant échappé à la mort, il est interrogé par les inspecteurs Collins et Victor Candella. Ce dernier, d'origine italienne comme lui, le soupçonne d'être impliqué dans l'affaire DeGrazia, une femme torturée, assassinée et dépouillée de ses bijoux. Un suspect, Whitey Leggett, a déjà été arrêté mais son avocat, W.A. Niles, souhaite obtenir de Rome des aveux pour ce vol et ce meurtre. Pour cela, il lui offre dix milles dollars, puis menace de s'en prendre à son amie, Tina Riconti. Candella est aussi sur les traces de la fille. Grâce au prévôt de sa prison, Rome réussit à s'échapper.
Situé dans la filmographie de Robert Siodmak entre The Killers, The Spiral Staircase et Criss Cross, Cry of the City souffre un peu de la comparaison avec eux. Le premier, réputé pour sa séquence introductive, délivre tout sa puissance dans les scènes d'action au détriment de ses personnages. Les deux autres sont les plus intéressants sur le plan stylistique, avec notamment pour le plus récent, une nette influence de l'œuvre de Fritz Lang. Le mode sur lequel est développé Cry of the City, moins percutant sur le plan visuel, est plus psychologique, centré sur un personnage de malfaiteur condamné dont les espoirs de renaissance s'évanouissent progressivement. A ce titre, l'ouverture sur l'extrême onction qui lui est donnée constitue une sorte de raccourci du film, la question morale d'un éventuel rachat restant provisoirement en suspens jusqu'au terme du récit. Victor Mature et Richard Conte devaient, initialement, interpréter les rôles inverses. Nul doute que le film aurait été très sensiblement différent. Les actrices y font essentiellement des apparitions, la première à l'écran de la toute jeune (quinze ans) Debra Paget ; Shelley Winters n'était pas encore la grande actrice que l'on connaît et l'inquiétante et massive Hope Emerson semblait déjà en pleine préparation de son célèbre rôle de matrone sadique dans Caged.

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