"La donna è mobile
qual piuma al vento."
Découvert au Festival du film américain de Deauville en 2003, le premier long métrage de Greg Marcks est, à l'image de The Butterfly Effect,
un bien étonnant petit film du circuit indépendant. Jouant volontiers
sur le mode de l'humour noir, flirtant parfois avec le trash, 11:14
repose, pour l'essentiel, sur un scénario assez malin et sur une mise
en scène qui sacrifie, sans trop de maladresses, à la mode actuelle de
la narration non-linéaire. Beaucoup plus, en tous cas, que sur son
casting, lequel comporte pourtant quelques belles gloires, anciennes (Barbara Hershey, Patrick Swayze) ou nouvelle (Hilary Swank).
Il est 23h14 précise lorsque Jack Levine,
arrivant à Middleton, une ville de banlieue de la Nouvelle Angleterre,
percute avec son véhicule un individu. L'endroit est connu pour le
passage de cerfs. Mais ce n'est pas l'un de ces cervidés que découvre le
conducteur un peu ivre, mais le cadavre d'un homme au visage embouti
qui gît au sol. Pris de panique, d'autant qu'une automobiliste s'est
arrêtée et a appelé la police, l'infortuné Levine tente et
finit par réussir à mettre le corps dans son coffre. Au moment où arrive
une voiture de police. Contrôle d'identité, absence de permis de
conduire, l'affaire est mal engagée ; d'autant qu'une tâche de sang
apparaît sur la carrosserie. Non loin de là, peu de temps avant cette
fatidique heure, trois copains de lycée partent en goguette dans le van
emprunté sans autorisation à la mère de l'un d'entre eux. A 23h14, ils
écrasent accidentellement une jeune femme qui traversait la rue.
Avec son montage parallèle, 11:14 est plus proche du Timecode de Mike Figgis que de l'After Hours de Martin Scorsese, même si l'impression de cauchemar éveillé de ce dernier n'est pas absente du film de Greg Marcks. Le réalisateur possède un réel talent pour alterner les genres de cinéma (thriller presque horrifique, polar, comédie...) en une composition plutôt cohérente et avec un sens du rythme efficace. La parenté, au niveau de la production, avec Requiem for a Dream (Beau Flynn était le prod. exécutif de ce dernier)
ne doit toutefois pas être mal interprétée. L'ambition du film ne
dépasse pas le niveau du divertissement, mais il atteint son but en y
mettant, si l'on peut dire, les formes. Parmi les autres bons points à
lui décerner, ceux récompensant sa relative sobriété et sa bande
musicale intelligente. En revanche, mais il s'agit peut-être d'une
volonté délibérée, la distribution, constituée uniquement de rôles
secondaires (dont Henry Thomas, le jeune Elliott d'E.T.),
est nettement anonyme, donnant un caractère impersonnel et universel à
ce récit en forme de charade. Naturellement, après cet exercice de style
quelque peu influencé par les films des frères Coen et ceux de Tarantino, nous attendrons Greg Marcks... au tournant !
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