lundi 19 avril 2004

Un Oso rojo (l'ours rouge)


"Parfois, pour faire du bien à ceux que l'on aime, il faut s'éloigner."


Un Oso rojo est le troisième long métrage d'Adrian Caetano, le second en collaboration avec la scénariste Romina Lafranchini et la productrice Lita Stantic(à laquelle on doit également le très réussi Sol de otoño de Eduardo Mignogna, encore inédit en salles chez nous, mais disponible en DVD). Présenté dans la section de la "Quinzaine des réalisateurs" au Festival de Cannes 2002 et en sélection officielle à celui de Sundance 2003, il est passé quasiment inaperçu au moment de sa sortie, en début d'année dernière, éclipsé par les 8 Mile, Dark Water et autre Chicago. Il est pourtant, intrinsèquement, plus intéressant que deux de ces derniers.
Ruben, dit l'Ours (Julio Chávez) est libéré après avoir purgé une peine de sept ans de prison pour vol et tentative d'assassinat. Il rencontre son ancien associé, le Turc (René Lavand), auquel il réclame la part qui lui revient sur l'opération qui l'a conduit en prison. Celui-ci n'a pas son argent mais lui promet de le rembourser grâce à un nouveau coup qu'il est entrain d'organiser. Ruben retrouve son épouse Natalia (Soledad Villamil) et sa fille Alicia (Agostina Lage), âgée de huit ans. Elles vivent à présent avec Sergio (Luis Machín) qui a perdu son travail et joue, à crédit, aux courses de chevaux. Leur situation n'est, financièrement, pas bonne. Sergio est menacé par son bookmaker et ils font l'objet d'une procédure d'expulsion. Ruben décroche un job de chauffeur, mais ce qu'il gagne ne peut lui permettre d'aider sa famille, en particulier sa fille avec laquelle il partage quelques moments et qu'il aime sincèrement. Il va devoir, malgré sa réticence, accepter de participer au casse monté par le Turc. Ce dernier envisage d'en profiter pour se débarrasser de lui.
Drame familiale sur fond de polar, Un Oso rojo réussit la pari de gagner sur les deux tableaux. L'essentiel du métrage est consacré aux relations entre le père et sa fille, accessoirement avec son ex-femme et son rival. Ce n'est qu'au cours de la scène d'exposition, pendant le générique, de l'arrestation de Ruben ou celles, finales, du hold-up* et de ses conséquences qu'émergent action et crimes. Mais, malgré cet apparent décalage dans le rythme, le contenu narratif est cohérent et prenant. L'impression laissée par le film est plutôt favorable, d'autant que l'atmosphère reste en permanence lourde** avec cette peinture d'une réalité sociale argentine en crise. Le tournage s'est d'ailleurs déroulé pendant la période de révolte civile qui a débuté en décembre 2001. Avec une modestie de moyens, en s'appuyant sur une mise en scène simple mais efficace et sur une interprétation du même acabit, le jeune réalisateur argentin, né uruguayen, propose, dans la veine de son Bolivia plus documentaire, une sorte de western urbain tout à fait convaincant.
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*qui se déroule, de manière provocatrice et pertinente, sur fond d'hymne national.
**ambiance juste contrastée par la partition au rythme "lambadant".

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