"Cà donne à réfléchir."
Saignant et savoureux. Ce jour-là
est probablement le meilleur film de Raoul Ruiz
depuis Trois vies & une seule mort
.
Peut-être même son meilleur film tout court. Ceux qui connaissent
l'univers du réalisateur chilien savent qu'il est unique, le plus
souvent onirique et surréaliste (ceux qui ne le connaissent pas... n'ont aucune excuse !).
Son dernier film est un remarquable conte fantastique, sorte d'oratorio
dodécaphonique, passionnant, drôle et touchant, comme le cinéma moderne
n'en propose plus beaucoup depuis la disparition des grands maîtres
latins. Mais, contrairement à certains d'entre eux, il ne permet pas au
spectateur de rester au seul premier degré.



Impossible de sacrifier à la tradition du résumé pour ce film. Disons simplement que, dans une Suisse légèrement futuriste (mais les apparences sont trompeuses !), toujours affairiste et paisible, nous vivons "le plus beau jour" de la vie de Livia,
du moins en est-elle persuadée, une riche héritière qui s'ignore, objet
d'un sombre complot familial, et même national. Jeune femme fragile,
éthérée et enfantine qui s'en remet à Dieu et à ses anges, même les plus
fous d'entre eux. Emil (prononcez Eumil) Pointpoirot en est un, échappé de son asile, mû par une folie meurtrière seulement entravée par un diabète qu'il surveille assidûment.






On
le sait, les comédies sont plus difficiles à jouer que les drames. A
fortiori lorsqu'elles sont, un tant soit peu, ambitieuses. Bernard Giraudeau
accomplit un remarquable travail de comédien dans le rôle difficile de Pointpoirot. Elsa Zylberstein
, dans celui de Livia, apporte toute sa candeur et sa sensibilité féminine. Jean-Luc Bideau
, Jean-François Balmer
et Féodor Atkine
constituent un trio particulièrement bien choisi et convaincant. Sans oublier l'immense Michel Piccoli
, moins présent à l'écran mais, comme toujours, étonnamment efficace.






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