lundi 6 avril 2015

Warlock (l'homme aux colts d'or)

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"... Any man who's got himself set over others and isn't responsible to something bigger is a murdering swine."

Difficile de se forger une opinion absolument tranchée au sortir du (re)visionnement de Warlock. Western tardif de la période classique, il figure parmi les films du genre dans lesquels la psychologie tient une place décisive (The Ow-Bow Incident, The Gunfighter, High Noon...). Cette adaptation du roman éponyme (1958) d'produite pour la Fox et réalisée par , se révèle aussi plus complexe que ne le laisse supposer le synopsis. Le script de  (chroniqueur, amateur de jazz et contributeur de séries TV, co-scénariste du drame musical All That Jazz) n'exploite d'ailleurs probablement pas le plein potentiel narratif du récit.
Les habitants de la petite localité de Warlock décident à la majorité d'engager Clay Blaisedell, un as réputé de la gâchette, pour pallier les successives défaillances de shérifs adjoints, abattus ou incités à s'enfuir par Abe McQuown et sa bande de cowboys sans scrupules. L'impérieux Blaisedell, accompagné de son vieil ami et dévoué compagnon d'arme Tom Morgan, parvient assez vite à dissuader, sans effusions de sang, certains des complices de McQuown de rester en ville et de l'affronter. L'arrivée de Lily Dollar, ancienne maitresse de Morgan puis de Ben Nicholson tué par Blaisedell, et le meurtre de Bob Nicholson, venu venger son frère, au cours de l'attaque de la diligence par deux hommes de McQuown vont compliquer l'exercice du mandat de l'officieux marshal.
Warlock se différencie en ne développant pas la traditionnelle opposition entre bien et mal, justice et crime. L'antagonisme s'avère plus subtil, conséquence de la dissociation (nécessaire en raison de la carence politique) de l'ordre et de la loi, respectivement représentés par un agent mercenaire (tueur professionnel selon des avis minoritaires) et par un officier légal mais impuissant en raison de son éloignement ou de sa solitude. Objectivement incompatibles, l'un comme l'autre sont néanmoins lucides sur leurs prérogatives, limites* et (in)capacité à mobiliser la population. Le titre français choisi constitue pour ces raisons un contresens car la collectivité (Warlock) l'emporte ici sur les individus (Blaisedell, quelque soit son "prestige" acquis ou le repenti Johnny Gannon).
, à nouveau associé au très adroit cinématographe Joseph MacDonald, nous offre enfin un bien (le plus**) intéressant face à face -, deux formidables acteurs dissemblables et proches à la fois. Entourés d', casté presque à contremploi,  (deux personnages féminins déterminants) mais aussi l'épatant  et le singulier , ils apportent à Warlock une distinction inappréciable.
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*révélée par Blaisedell dans cette longue tirade : "I come here as your salvation on a very high wage. I establish order, ride roughshod over offenders. At first, you're pleased because there's less trouble. Then, a strange thing happens. You begin to feel I'm too powerful, you begin to fear me. Not me, but what I am. When that happens, we'll have had full satisfaction from one another and it'll be time for me to leave."
**comparé à ceux proposés par MadiganRollercoaster et, a fortiori, The Swarm.





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