Born to Be Bad

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"I love you so much I wish I liked you."

Au cours de sa carrière (est-il inconvenant de le rappeler ?) Nicholas Ray n'a presque jamais eu le réel contrôle de ses films, à l'exception notable du premier, They Live by Night. Aucune de ses réalisations majeures, In a Lonely Place (qu'il considérait pourtant comme une œuvre personnelle), Johnny Guitare ou même Rebel Without a Cause, son plus grand succès dont il a écrit l'histoire, ne satisfont pleinement ce critère. Ray dut aussi parfois composer avec les choix de son mentor et protecteur, Howard Hughes. Tel fut le cas pour cet avenant petit drame (im)moral succédant, de manière plutôt incongrue, à quatre films-noirs d'une intensité plus substantielle. Adapté du roman "All Kneeling" (1928) d'Anne Parrish par Charles Schnee et Edith R. Sommer*, Born to Be Bad** relate les turpitudes sentimentales d'une arriviste, perfide manipulatrice à la duplicité quasi pathologique. Un personnage confié à la présumée angélique Joan Fontaine, alors proche d'Howard Hughes.

L'intrigue bi-triangulaire tarde quelque peu à se nouer, l'insidieux (et potentiellement adultérin) objectif poursuivi par Christabel Caine n'étant révélé qu'au terme du premier tiers du métrage. La tension dramatique demeure assez faible, estompée également par de brefs épisodes humoristiques et par la tonalité allègre de la bande originale. La photographie du natif italien Nicholas Musuraca (collaborateur notamment de Jacques Tourneur et de Fritz Lang) apparaît comme l'un des deux véritables atouts de cette production dirigée par Robert Sparks pour RKO. L'inédit casting emmené par l'hitchco-cukorienne Joan Fontaine, Joan Leslie (Mildred Pierce) et Robert Ryan en constituant le second. Parmi les acteurs de soutien, on retiendra surtout, aux côtés de Joan Leslie et Harold Vermilyea, la prestation pleine de vivacité et légèrement décalée de Mel Ferrer dans son deuxième rôle crédité au cinéma.
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*avec les dialogues additionnels de Robert Soderberg et George Oppenheimer.
**connu également en France sous le titre "La Femme aux maléfices". A ne pas confondre avec le drame sentimental homonyme (1934) réalisé par Lowell Sherman pour la Fox avec Loretta Young et Cary Grant.