lundi 18 octobre 2010

Sexykiller, morirás por ella (sexy killer)


"Tu sais quel est le problème dans le monde des tueurs en série ? Il y a beaucoup trop de machisme."

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Longtemps l'apanage du cinéma anglo-saxon, l'humour noir semble avoir trouvé une nouvelle terre de prédilection de l'autre côté des Pyrénées(1). Avec l'émoustillant Sexykiller, morirás por ella, Paco Cabezas (auteur du scénario d'Aparecidos) s'inscrit en effet dans la lignée du corrosif Crimen ferpecto d'Alex de la Iglesia mais aussi dans celle de la comédie horrifique où son compatriote basque s'était d'ailleurs également illustré. Extravagant, hétéroclite voire sciemment disparate, ce troisième long métrage de fiction du Madrilène Miguel Martí met surtout en avant des arguments récréatifs fondés notamment sur la personnalité de son actrice principale et sur de multiples références ou citations cinématographiques. Présenté en septembre 2008 au Toronto Film Festival, Sexykiller... brigua le titre de meilleur film du 41e festival de Sitges.
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Etudiante en médecine mais surtout passionnée d'armes, Bárbara Ruiz Mata quitte un soir l'université, accompagnée de son nouveau chien Jason, pour se débarrasser de la tête du camarade Santiago Pacheco Ruiz qu'elle a, quelques jours plus tôt, décapité dans les douches. Le canidé est bientôt écrasé par le jeune propriétaire d'un cabriolet de sport qui devient ainsi la potentielle prochaine victime de la meurtrière. Mais avant de lui faire définitivement regretter sa conduite, Bárbara entreprend de lui narrer son parcours en évoquant brièvement l'époque où, enfant, elle nourrissait le secret désir de devenir la vraie Cindy Superstar et d'épouser le chirurgien plastique Glen. Déçue de ses révisions d'anatomie avec Angel, Bárbara avait décidé de l'éliminer. Elle avait ensuite reglé son compte à un professeur qui venait de lui conseiller de consulter un psychologue, puis à l'élève et maîtresse de celui-ci, Clara Gonzales. Pendant ce temps, Tomás expérimentait avec son ami Álex sa nouvelle invention, un décodeur d'impulsions neuronales ; l'inspecteur Rafael Villa, en charge de l'affaire mais désavoué par son commissaire, tuait ce dernier, maquillant le crime pour qu'il soit attribué au "Boucher du campus".
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Voilà un film qui entraîne le Barcelonais Jaume Roures (producteur de Fernando León de Aranoa, Isabel Coixet et précédemment associé à Tadeo Villalba hijo sur Vicky Cristina Barcelona de Woody Allen) assez loin de ses bases habituelles ! La preuve des belles vitalité et diversité du cinéma ibérique. A l'improbable croisée des chemins du teen movie, du polar, de la charcutière franchise Saw et du film de zombies, Sexykiller, morirás por ella a cependant un peu de mal à affirmer sa véritable identité narrative (soigner le mal par le mal !). Intrication renforcée par les nombreux clins d'œil filmiques(3) qu'il fait. Un complexe dont, en revanche, ne souffre assurément pas Macarena Gómez. L'actrice andalouse, aperçue aux côtés de Mónica Cervera chez Ramón Salazar, n'éprouve aucune difficulté à endosser un rôle qui tient à la fois de la nièce d'une Victoria Abril dans l'almodóvarien Kika et de la latine cousine de 'The Bride' dans le diptyque Kill Bill(4). Au final, Sexykiller se montre plus attractif que nombre de récentes productions comparables ou assimilées.
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1. à sa manière, Viridiana de Buñuel développait déjà, sur un mode cynique, cette tonalité.
3. entre autres Scream, Friday the 13th, Romero et Evil Dead.
4. et d'Alice dans l'actuel quadriptyque Resident Evil.

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