vendredi 15 août 2003

Pauline à la plage


"En somme, tu ne l'aimes pas, tu veux qu'elle t'aime, mais c'est pas du tout pareil."

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"Comédies et proverbes", ce second cycle de six films auquel appartient Pauline à la plage, a été initié avec La Femme de l'aviateur en 1981 et s'achève sur L'Ami de mon amie en 1987. Le réalisateur, pour le définir et le situer par rapport aux "Contes moraux" déclare : "On continuera à parler beaucoup dans ces Comédies. On essaiera moins d'établir une attitude morale que des règles pratiques. On n'y débattra plus guère des fins, mais des moyens..." Le discours est en effet plus pragmatique, moins "philosophique". Pauline à la plage, troisième du cycle, décrit les doutes, les atermoiements d'une jeunesse qui ne (veut)peut plus prendre exemple sur ses aînés. Le contexte, ici, est celui, éculé, des amours de vacances. Les deux "jeunes" que sont Pauline et Sylvain sont mis en présence des "vieux" Marion, Pierre et Henri. La duplicité, le narcissisme et l'absence de spontanéité de ces derniers dans la relation amoureuse contrastent singulièrement avec la franchise et la simplicité des premiers. La démonstration est : ces jeunes, bien qu'ils ne soient pas dénués de principes et de présupposés, jugent avec plus de justesse les situations et les sentiments.
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L'écriture d'Eric Rohmer est intemporelle et simple, parfois simpliste. En observateur impliqué, il réunit, tel un chimiste dans son laboratoire, des composantes hétérogènes pour parvenir à une émulsion. La jalousie et l'hypocrisie ne sont pas aisément solubles si l'amour n'est là que pour alimenter son égocentrisme ou son désir. Dans cet esprit, l'intérêt majeur du film est de montrer des adultes ne parler que d'eux-mêmes ou de leur vision des choses et des adolescents ne s'intéresser qu'à l'autre. Mais, contrairement au chimiste, l'expérience n'est pas reproductible à l'identique et l'enseignement qui en est tirée ne peut donc avoir qu'un caractère limité, éphémère.
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Rohmer a repris trois des acteurs de son précédent opus, Le Beau mariage. Féodor Atkine est solide en ethnologue cynique et libertin. Bien qu'attachant, Pascal Greggory est moins convaincant en amoureux transi et jaloux. Arielle Dombasle, à la diction ampoulée, minaude jusqu'à la caricature en Marion si belle (et si stupide !). C'est le premier film d'Amanda Langlet, naturelle, sympathique mais aussi très sure dans le rôle titre et de Simon de La Brosse dont le personnage est psychologiquement moins étoffé que les autres, ce qui ne permet pas une bonne appréciation de son interprétation.

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