dimanche 24 août 2003

Igor Markevitch : Wagner, Chostakovitch, Stavinsky

Les œuvres :
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Ouverture de Tannhäuser : en avril 1842, R. Wagner peut enfin quitter Paris pour retrouver sa chère Allemagne car il vient d'être nommé chef de l'Orchestre du Grand Théâtre de Dresde, avant de devenir maître de chapelle à la cour. Avant de partir, son compatriote Lehrs lui prête un livre de poèmes populaires dont "Tannhäuser" et "Lohengrin". La création de ''Tannhäuser aura lieu le 21 octobre 1845.
Prélude et La mort d'Isolde de Tritan et Isolde : R. Wagner entretient des relations passionnelles (du moins se convainc-t-il de la sincérité de ces passions) avec des femmes qui lui sont utiles. Entre 1853 et 1859, c'est Mathilde Wesendonck, poète et écrivain, qui est l'objet de ses ardeurs. Le mari de celle-ci prête au couple Wagner un cottage bâti sur le terrain de leur résidence à Zurich. Cette liaison (et le Roméo et Juliette de Berlioz) lui inspire Tritan et Isolde et c'est en Suisse qu'il rédige le premier acte. Minna Wagner, incapable de supporter très longtemps l’intimité de son mari avec son amante, provoque une rupture et Richard doit partir pour Venise où il compose le deuxième acte.
(Enregistré avec l'Orchestre National de l'O.R.T.F. dans le cadre du 21e Festival International de Besançon en septembre 1968)
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Dimitri Chostakovitch achève ses études de piano en 1923 et interprète pour l'obtention de son diplôme la Sonate "Hammerklavier" de Beethoven. Mais il s'est déjà produit en concerts publics (interprétant Bach, Beethoven, mais aussi Chopin, Liszt ou Schumann) et les premières critiques de presse, très favorables, paraissent alors qu'il n'a que 17 ans. Etrangement, il est radié de la liste des élèves du Conservatoire de Moscou malgré sa demande de poursuivre un cycle académique en composition. Cet événement aura un impact sérieux sur le choix du musicien de se consacrer à la composition plutôt qu'au piano. Il doit aussi reprendre un emploi qu'il a déjà tenu quelques années auparavant, celui de pianiste dans des salles de cinémas. En octobre 1926, il est finalement accepté pour un Aspirantova au Conservatoire et sa Symphonie n°1 en fa mineur Op. 10, écrite dès 1923, devient sa composition de diplôme. C'est une oeuvre qui révèle, dès cette époque, un talent phénoménal : richesse d'invention et maîtrise technique. Le style propre du compositeur s'y exprime déjà même si percent l'influence de Scriabine dans le premier et quatrième mouvement ou celle de Prokofiev dans le premier thème du second mouvement. Bruno Walter est le premier à la diriger à l'étranger, le 5 mai 1927, en présence d'Alban Berg qui envoie une lettre de félicitations à Chostakovitch.
(Les quatre mouvements sont : Allegretto. Allegro non troppo, Allegro, Lento. Largo, Lento. Allegro molto. Largo. Presto - enregistré avec l'Orchestre National de l'O.R.T.F, à Paris en juin 1963)
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Composée par Igor Stravinski de janvier à août 1930, la Symphonie de Psaumes est dédié au Boston Symphony Orchestra pour le cinquantième anniversaire de sa création. Le compositeur déclare qu'il "ne cherche pas à exprimer sa foi personnelle sur le mode lyrique mais à réinventer des formes musicales religieuses hautement significatives par elles-mêmes."
(Les quatre extraits sont : Exaudi orationem meam, Expectans expactavi Dominum, Alleluja. Laudate Dominum - enregistré avec l'Orchestre Philharmonique et Choeurs de l'O.R.T.F, à Paris en juin 1967)

L'interprète :
Igor Markevitch est né à Kiev en 1912. Son père, Boris, était pianiste. En 1914, la famille Markevitch part pour la France puis s'installe, deux ans plus tard, près de Vevey, en Suisse. La langue d'expression et de composition d'Igor Markevitch sera donc, naturellement, le français. Le jeune Igor étudie le piano avec son père jusqu'au décès de ce dernier, en 1923. A l'âge de 13 ans, il joue une de ses compositions, Suites - Noces, devant Alfred Cortot, lequel se montre très impressionné par le talent musical de l'enfant et lui propose de le prendre comme élève. De 1926 à 1928, il étudie à l'École Normale de Musique à Paris où il a Nadia Boulanger comme professeur d'harmonie et de contrepoint. Il obtient son diplôme en 1929.
Tout comme Cortot, Diaghilev est séduit par les premières oeuvres du musicien et lui commande deux nouvelles compositions : un Concerto pour piano et L'Habit du roi, musique pour un ballet sur un argument de Boris Kochno et des décors de Pablo Picasso. Le projet sera abandonné avec la mort de Diaghilev en août 1929. Malgré cet incident, les oeuvres de Markevitch connaissent un succès croissant. Les Concerto pour piano, Cantate, Concerto grosso et Rébus (ballet à la mémoire de Diaghilev) entre 1929 et 1931 sont donnés en concert en Europe et aux Etats-Unis sous la conduite de chefs prestigieux et reçoivent un accueil très favorable. L'Envol d'Icare, dont la première est dirigée par le chef français Roger Désormière le 26 juin 1933, est une étape importante dans la carrière du compositeur. Darius Milhaud disait : "Cette oeuvre... marquera sans doute une étape dans l'évolution de la musique."
A 21 ans, Markevitch est au sommet de son art. Il est même appelé le "second Igor" en référence à Stravinski, ce qui indisposait ce dernier et contraria désormais toute relation entre les deux hommes. C'est à partir de 1934 que Markevitch décida de prendre un virage en étudiant la direction d'orchestre avec Hermann Scherchen, le replaçant en décembre 1935 pour la première au Queen's Hall de Londres de son propre oratorio, Le Paradis perdu.
Après 1938 et le début de la guerre, la carrière et la vie du compositeur va connaître une période difficile. Il s'installe avec son épouse, Kyra, la fille de Vaslav Nijinski, en Italie. Il y compose une symphonie vocale, Lorenzo il Magnifico et tombe malade au cours de l'hiver 1941-1942. Après cette date, il ne composera plus. Sa dernière oeuvre est Variations, fugue et envoi sur un thème de Händel en 1941. Il n'a que 29 ans. S'ouvre alors la période du Markevitch chef d'orchestre. Ce n'est qu'en 1978 qu'il renouera avec sa propre musique en dirigeant à Bruxelles L'Envol d'Icare et Le Paradis perdu.

Le Bonus :
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Authentique bonus : nous avons le privilège d'assister à la représentation d'une œuvre dirigée par son créateur.
La Suite de 1945 de l'Oiseau de feu est l'une des trois versions écrites par Igor Stravinski. Sur une idée de Diaghilev et un argument de Fokine, Stravinski dépeint musicalement les univers du magicien Kachtcheï, de l'Oiseau auxquels s'affronte Ivan Tsarevitch, prince-héros qui triomphe sur les forces du mal grâce à l'aide de l'Oiseau. Le langage musical est fastueux et envoûtant mais pas révolutionnaire, ce qui explique son succès immédiat auprès du public.
(Enregistré avec le New Philharmonia Orchestra dirigé par Igor Stravinski au Royal Festival Hall, à Londres en septembre 1965)

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