jeudi 1 octobre 2015

Stan Getz Quartet: Live at Montreux 1972


Stan Getz
Comme Dexter Gordon, Sonny Rollins, John Coltrane, Wayne Shorter ou Michael Brecker (et quelques autres), Stan Getz est l'un des saxophonistes tenor qui ont marqué leur époque. Il a cependant la particularité d'avoir été celui que le grand public a le mieux connu, grâce probablement à sa période bossa nova du milieu des années 1960. Fan du grand Lester Young, Stan 'The Sound' obtient son premier saxophone à l'âge de treize ans et consacre dès lors à sa pratique le plus clair de son temps de collégien... au point de compromettre sa scolarité. En 1943, à seize ans, il entre dans le groupe du tromboniste Jack Teagarden. Il joue également avec Nat King Cole, Lionel Hampton, Stan Kenton, Jimmy Dorsey, Benny Goodman puis devient, entre 1947 et 1949, le soliste de la formation de Woody Herman. Getz a, entretemps (juillet 1946), réuni son premier quartet (The Be Bop Boys) composé de Hank Jones au piano, de Curly Russell à la contrebasse et de Max Roach à la batterie pour l'enregistrement du premier album sous son nom.
Début 1951, Getz part en Suède où il produit deux disques avec des musiciens locaux. Le 29 octobre de la même année, il accompagne Billie Holiday au cours d'un concert enregistré sous le simple titre "Billie and Stan". Sa participation au "Moonlight in Vermont" (1952) du guitariste Johnny Smith, qui connait un grand succès, accroit significativement sa notoriété et il devient l'un des représentants les plus appréciés du cool jazz. Sa carrière de leader lancée, Getz fait d'autres belles rencontres musicales : avec les trompettistes Chet Baker (à partir de juin 1953) et Dizzy Gillespie (décembre 1953), le pianiste et chef d'orchestre Count Basie (décembre 1954), le vibraphoniste Lionel Hampton et le clarinettiste Benny Goodman (août 1955), le pianiste Oscar Peterson, le saxophoniste Gerry Mulligan et la chanteuse Ella Fitzgerald (octobre 1957). En 1958, il enregistre à Paris, au sein d'une formation de huit musiciens de prestige, la bande originale du drame Les Tricheurs de , début d'un long périple européen passant par l'Angleterre, la R.F.A., la Scandinavie (Suède, Danemark, Norvège), et la Pologne.
De retour aux Etats-Unis en septembre 1961, Getz fait bientôt sa première incursion dans la musique brésilienne d'abord aux côtés du guitariste Charlie Byrd. Il continue son exploration du latin jazz avec le vibraphoniste Gary McFarland puis avec le guitariste et compositeur carioca Luiz Bonfa. Sa collaboration, à partir de mars 1963, avec le guitariste-chanteur Joao Gilberto constituera le sommet de cette très populaire période bossa-noviste (qu'il prolongera un peu avec le guitariste pauliste Laurindo Almeida).
Getz forme ensuite un nouveau quintet comprenant notamment le vibraphoniste Gary Burton (les premiers enregistrements font l'objet d'arrangements du compositeur Lalo Schiffrin). L'album "Nobody Else But Me" (mars 1964) ne sortira qu'à titre posthume, la maison de disque voulant alors que son artiste poursuive l'expérience brésilienne. A la suite d'une fort belle association avec le pianiste Bill Evans (accompagnés par Ron Carter et Elvin Jones, l'emblématique batteur de John Coltrane), Getz trouve l'occasion, chez le tromboniste Bob Brookmeyer, de jouer avec Herbie Hancock, musicien issus comme Ron Carter de la filière Miles Davis. Carter tiendra d'ailleurs la contrebasse dans le nouveau quartet (le piano avec Chick Corea y font leur entrée) réuni par Getz en 1967.
Cette évolution moderniste sera confirmée par l'emploi en 1969 du bassiste Miroslav Vitous et du batteur (passé chez Coltrane) Jack DeJohnette. Après un nouveau séjour sur le Vieux continent (où il joue, à Londres puis à Paris, avec l'organiste Eddy Louiss, le guitariste belge René Thomas et le batteur Bernard Lubat), Getz s'entoure de Chick Corea, du bassiste Stanley Clarke, du batteur Tony Williams et du percussioniste Airto Moreira pour enregistrer, en mars 1972, l'album "Captain Marvel" ; cinq des titres seront joués lors de la 6e édition du Festival de jazz de Montreux.

Live at Montreux
Le concert est programmé le vendredi 23 juin dans le Pavillon du Montreux Palace*. L'apparente disharmonie sciemment induite par l'association de Stan Getz avec ses jeunes musiciens constituait tout l'intérêt du disque. Il est encore plus sensible sur scène. Les chaleur et douceur caractéristiques du saxophoniste contrastent en effet avec la froide et modale virtuosité du pianiste soutenue par une section rythmique à la précision chirurgicale. Remplaçant d'Herbie Hancock, en septembre 1968, au sein du groupe de Miles Davis, Chick Corea avait cristallisé au Fender Rhodes les improvisations free jazz sous influence rock du génial trompettiste. Début 1972, il avait fondé le groupe Return to Forever dans lequel Stanley Clarke (qui avait, jusque-là, connu diverses expériences musicales, notamment auprès du tromboniste Curtis Fuller ou du saxophoniste Pharoah Sanders) tenait la basse. Le prodigieux Tony Williams** avait, quant à lui, déjà formé (en 1969) son trio Lifetime après avoir débuté à l'âge de treize ans auprès du saxophoniste Sam Rivers et être devenu, quatre ans plus tard en remplaçant Jimmy Cobb, l'élément "central" du quintet de Miles Davis.
A priori engageant, ce court set ne se révèle que plaisant. L'absence de véritable tension ou de mise en danger musicales cumulée à une réalisation affreusement conservatrice expliquent sans doute l'impression mitigée laissée par cette captation (à la qualité technique insuffisante).
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*suite à l'incendie déclenché le 4 décembre 1971 par un spectateur pendant un concert de Frank Zappa.
**le disque de Stan Getz et cette prestation publique sont les seules coopérations entre le batteur et Chick Corea. Williams participera en revanche au deuxième album (1974) de Clarke.

le groupe :
Stan Getz : saxophone tenor
Chick Corea : claviers
Stanley Clarke : contrebasse
Tony Williams : batterie

les titres :
  1. "Captain Marvel"
  2. "Day Waves"
  3. "Lush Life"
  4. "Windows" (album "Sweet Rain" de 1967)
  5. "I Remember Clifford"
  6. "La Fiesta"
  7. "Times Lie"
compositions de C. Corea à l'exception de "Lush Life" du compositeur-pianiste Billy Strayhorn et de "I Remember Clifford" écrit par le saxophoniste Benny Golson en mémoire au trompettiste Clifford Brown.


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