******
"... I thought you could control life. But it's not like that. There's things you can't control."
Quel élément a bien pu inciter Louis Malle à se lancer dans un tel drame aux relents vaguement sulfureux ? Le premier roman, édité l'année précédente, de l'écrivaine irlandaise Josephine Hart avait certes connu un succès de librairie. Mais était-ce suffisant pour justifier une adaptation ? Surtout à la suite de deux œuvres originales et personnelles (Au revoir les enfants et Milou en mai) assez fortes. Parmi les histoires de passions déraisonnables (proposition tautologique !), de liaisons adultères, destructrices ou fatales portées au cinéma, seulement quelques unes ont réussi à sortir vraiment du lot. Obsession (morbid)érotique serait, en l'occurrence, l'expression la plus appropriée.
Le scénario de David Hare1 demeure plutôt fidèle au texte originel à l'exception notoire du narrateur qui perd son anonymat. Secrétaire d'Etat à l'environnement pressenti pour être promu ministre de la santé, le Dr. Stephen Fleming devient, à l'initiative de la jeune femme, l'amant d'Anna Barton, la nouvelle petite-amie de son fils Martyn. Persuadé qu'il s'agit, comme les précédentes, d'une simple passade pour celui-ci, l'ancien médecin ne prête d'abord guère attention au caractère traître et scabreux de la situation. Anna et le désir physique qu'il éprouve pour elle deviennent vite une véritable idée fixe que l'officialisation de la relation entre Martyn et Anna ne suffit pas à affaiblir.
Produit par Louis Malle (associé, pour ce pénultième film, au Britannique Simon Relph2), Damage n'offre, à vrai dire, aucune réelle profondeur narrative. La futilité des relations familiales, notamment celles de Fleming avec son épouse Ingrid et avec son fils, est frappante. Le traumatisme subi à l'adolescence par Anna (son possessif, virtuellement incestueux frère aîné s'est suicidé lorsqu'elle avait quinze ans), susceptible d'en générer, n'influence en réalité qu'à la marge un récit présenté par l'auteure comme une confession sans repentir. La réalisation de Malle, en équipe avec le cinématographe gallois Peter Biziou (formé à l'érotisme soft sur Nine 1/2 Weeks), s'avère très convenue comme d'ailleurs la prestation des principaux interprètes, Jeremy Irons (récemment oscarisé pour son rôle dans Reversal of Fortune), Juliette Binoche3 (en pleine ascension, ici entre Les Amants du Pont-Neuf et Trois couleurs : Bleu), Miranda Richardson (récompensée par le BAFTA 1993 de la meilleure actrice de soutien, également nommée aux Golden Globes et Academy Awards) ou encore l'ivoryien Rupert Graves. Les autres personnages secondaires, y compris celui de la mère d'Anna tenu par Leslie Caron, sont quasiment insignifiants. Le "dommage" effectif causé par le film se limite à susciter un certain ennui et, au final, la déception (davantage, en tous cas, que La Fille de quinze ans de et avec Jacques Doillon ou Sotto falso nome réalisé en 2004 par le Palermitain Roberto Andò). La supposée odeur de soufre s'est, en outre et plus de vingt ans, largement dissipée.
___
1. réalisateur de Wetherby, produit également par Simon Relph, et surtout connu pour avoir ensuite adapté The Hours (2002) et The Reader (2008).
2. assistant de Warren Beatty sur Reds (1981), producteur exécutif d'Enchanted April (1991) de Mike Newell avec déjà Miranda Richardson.
3. Isabelle Adjani, indisponible, et Jodie Foster, inadéquate selon elle pour le personnage, ont refusé le rôle d'Anna Barton.
Quel élément a bien pu inciter Louis Malle à se lancer dans un tel drame aux relents vaguement sulfureux ? Le premier roman, édité l'année précédente, de l'écrivaine irlandaise Josephine Hart avait certes connu un succès de librairie. Mais était-ce suffisant pour justifier une adaptation ? Surtout à la suite de deux œuvres originales et personnelles (Au revoir les enfants et Milou en mai) assez fortes. Parmi les histoires de passions déraisonnables (proposition tautologique !), de liaisons adultères, destructrices ou fatales portées au cinéma, seulement quelques unes ont réussi à sortir vraiment du lot. Obsession (morbid)érotique serait, en l'occurrence, l'expression la plus appropriée.
Le scénario de David Hare1 demeure plutôt fidèle au texte originel à l'exception notoire du narrateur qui perd son anonymat. Secrétaire d'Etat à l'environnement pressenti pour être promu ministre de la santé, le Dr. Stephen Fleming devient, à l'initiative de la jeune femme, l'amant d'Anna Barton, la nouvelle petite-amie de son fils Martyn. Persuadé qu'il s'agit, comme les précédentes, d'une simple passade pour celui-ci, l'ancien médecin ne prête d'abord guère attention au caractère traître et scabreux de la situation. Anna et le désir physique qu'il éprouve pour elle deviennent vite une véritable idée fixe que l'officialisation de la relation entre Martyn et Anna ne suffit pas à affaiblir.
Produit par Louis Malle (associé, pour ce pénultième film, au Britannique Simon Relph2), Damage n'offre, à vrai dire, aucune réelle profondeur narrative. La futilité des relations familiales, notamment celles de Fleming avec son épouse Ingrid et avec son fils, est frappante. Le traumatisme subi à l'adolescence par Anna (son possessif, virtuellement incestueux frère aîné s'est suicidé lorsqu'elle avait quinze ans), susceptible d'en générer, n'influence en réalité qu'à la marge un récit présenté par l'auteure comme une confession sans repentir. La réalisation de Malle, en équipe avec le cinématographe gallois Peter Biziou (formé à l'érotisme soft sur Nine 1/2 Weeks), s'avère très convenue comme d'ailleurs la prestation des principaux interprètes, Jeremy Irons (récemment oscarisé pour son rôle dans Reversal of Fortune), Juliette Binoche3 (en pleine ascension, ici entre Les Amants du Pont-Neuf et Trois couleurs : Bleu), Miranda Richardson (récompensée par le BAFTA 1993 de la meilleure actrice de soutien, également nommée aux Golden Globes et Academy Awards) ou encore l'ivoryien Rupert Graves. Les autres personnages secondaires, y compris celui de la mère d'Anna tenu par Leslie Caron, sont quasiment insignifiants. Le "dommage" effectif causé par le film se limite à susciter un certain ennui et, au final, la déception (davantage, en tous cas, que La Fille de quinze ans de et avec Jacques Doillon ou Sotto falso nome réalisé en 2004 par le Palermitain Roberto Andò). La supposée odeur de soufre s'est, en outre et plus de vingt ans, largement dissipée.
___
1. réalisateur de Wetherby, produit également par Simon Relph, et surtout connu pour avoir ensuite adapté The Hours (2002) et The Reader (2008).
2. assistant de Warren Beatty sur Reds (1981), producteur exécutif d'Enchanted April (1991) de Mike Newell avec déjà Miranda Richardson.
3. Isabelle Adjani, indisponible, et Jodie Foster, inadéquate selon elle pour le personnage, ont refusé le rôle d'Anna Barton.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire