"A man is a fool to trust any woman, but I believe a word of honnor would mean something to you."
Nommé dans trois catégories des 5e Academy Awards(1) et sorti juste avant Blonde Venus, Shanghai Express est la quatrième des sept films de Josef von Sternberg avec Marlène Dietrich(2). Signé par Jules Furthman(2), collaborateur régulier du réalisateur, à partir d'un récit d'Harry Hervey, le scénario prend à nouveau pour décor une région exotique propice aussi bien aux déchaînement des oppositions et des passions qu'au dépaysement des spectateurs. Interprète, une nouvelle fois, d'un personnage réputé de petite vertu, 'Lili Marlene' y a pour partenaire principal le Britannique installé aux Etats-Unis Clive Brook, titulaire du rôle de l'avocat Rolls Royce Wensel dans le semi-polar Underworld du même von Sternberg.
Pékin, 1931. Dans une Chine en guerre civile, une foule cosmopolite se presse pour monter à bord du Shanghai Express protégé par un escadron de soldats. Alors que le train se fraie difficilement un passage au milieu d'hommes et d'animaux, Magdalen surnommée 'Shanghai Lily' retrouve le capt. britannique Donald 'Doc' Harvey qu'elle n'a pas revu depuis plus de cinq ans. Celui-ci reçoit bientôt la visite du révérend Carmichael, offusqué par la présence de cette femme de mauvaise réputation ainsi que de celle de Hui Fei, la Chinoise qui partage son compartiment. Le dîner pris dans le wagon-restaurant par les ressortissants pour la plupart étrangers est interrompu à l'approche d'une gare pour vérification des passeports. Un autochtone, probablement révolutionnaire, est arrêté avant que le convoi ne reparte. Après une brève explication, Magdalen et Harvey renouent par un baiser leur relation amoureuse. Lors de l'arrêt à Tien-Tsin, le train est attaqué par les rebelles. Les militaires sont abattus à la mitrailleuse, les passagers étrangers et Hui Fei évacués puis tour à tour reçus et interrogés par le chef des insurgés, le métisse Mr. Chang, jusque-là leur compagnon de voyage, déterminé à échanger un otage contre son bras droit appréhendé par les forces gouvernementales.
Un ancien major français qui revêt encore, pour raison personnelle, l'uniforme, un docteur en théologie, un homme d'affaires un peu louche et volontiers parieur, un infirme aigri et la maîtresse d'un shih tzu composent l'hétéroclite microcosme de ce léger drame sentimental. Comme dans "Boule de suif" de Guy de Maupassant qu'il rappelle volontiers, Shanghai Express(4) met en avant le courage féminin, le sens du sacrifice et du devoir ainsi que la méprise putative et le rôle de la foi. Le film vaut autant pour la qualité de ses décors et de la photographie tout en clair obscur de Lee Garmes, récompensé par un "Oscar", auxquels Josef von Sternberg a largement contribué que par celle des acteurs, en particulier Marlène Dietrich, prévisible mais comme toujours irréprochable, mais aussi la mystérieuse Anna May Wong, première vedette sino-étasunienne aperçue en esclave mongole dans The Thief of Bagdad de Raoul Walsh, et le Suédois Warner Oland, le colonel von Hindau de Dishonored juste avant qu'il n'endosse le rôle-titre de la fameuse série Charlie Chan.
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1. où le film et le réalisateur était notamment en compétition avec Grand Hotel (d'Edmund Goulding) et Frank Borzage (Bad Girl).
2. après Der Blaue Engel produit en Allemagne, Morocco et Dishonored.
3. avec une participation non créditée d'Howard Hawks.
4. refait à deux reprises : Night Plane from Chungking (1942) et Peking Express (1951).
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