Contrainte de rester chez elle par une averse de neige, Alice ne peut dissimuler son ennui. Elle laisse alors son imagination vagabonder, accusant la reine blanche du jeu d'échec de maltraiter son royal époux ou croyant voir dans le jardin un lapin blanc portant écharpe et pardessus, sermonnée par la gouvernante Miss Simpson qui prend ses rêveries pour d'authentiques mensonges. La fillette monologue ensuite avec sa chatte Dinah, l'assurant de l'existence d'une maison semblable mais inversée de l'autre côté du miroir avant de faire mine de s'endormir dans le confortable fauteuil proche de la cheminée. Elle parvient bientôt à traverser le miroir et à sauter lentement dans un salon presque conforme à ses prévisions. La photographie de son oncle Gilbert et de son épouse montre leur dos ; celui-ci explique à sa nièce la raison de l'inesthétique rapiéçage de l'arrière de son pantalon. L'horloge se met à parler, et les pièces de l'échiquier à s'animer. La reine blanche, aidée par Alice à rejoindre son enfant-pion en pleurs, prend la jeune fille pour un volcan. En lévitation, cette dernière se retrouve dans le jardin où un lapin revêtu d'un gilet et d'une veste semble bien pressé. Alice le suit et tombe sans heurt au fond d'un trou.
Œuvre littéraire ayant, depuis le court métrage muet de 1903 jusqu'à la récente version de Tim Burton, inspiré de multiples adaptations, "Alice's Adventures in Wonderland" (écrit en 1865 par Lewis Carroll pour distraire Alice Liddell et ses deux sœurs) possède une suite en général moins connue, "Through the Looking-Glass, and What Alice Found There" (1871). C'est celle-ci que, sous le titre abrégé d'Alice in Wonderland, le scénario co-signé par Joseph L. Mankiewicz et le chef-décorateur William Cameron Menzies porte en réalité à l'écran. Réalisée par Norman Z. McLeod, collaborateur notamment des Marx Brothers et de W.C. Fields (ici en Humpty-Dumpty), cette comédie fantastique boudée lors de sa sortie, aux effets et costumes désormais un peu désuets, ne détient pas, dans l'inconscient collectif, la réputation du film d'animation de Walt Disney ou d'autres productions ultérieures pour le cinéma ou la télévision. Même Charlotte Henry, interprète(1) du rôle-titre(2) et éphémère partenaire de Laurel & Hardy, est aujourd'hui presque oubliée comme d'ailleurs la présence, il est vrai quasi indiscernable, dans le casting de Gary Cooper (White Knight), de Cary Grant (Mock Turtle) et de quelques autres acteurs réputés.
___
1. âgée de près de vingt ans lors du tournage.
2. pour lequel Ida Lupino, sa cadette de presque quatre ans, a été pressentie.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire