mardi 16 juin 2009

Signore & signori (ces messieurs dames)


"Cela peut arriver à tous le monde si l'on n'y prend garde."

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Pénultième des sept films(1) de Pietro Germi présentés en compétition à Cannes, Signore & signori est assurément l'une des meilleures comédies de mœurs européennes de l'histoire du cinéma. Le réalisateur géno-romain, déjà auteur de Divorzio all'Italiana ("prix de la meilleure comédie" en 1962) et de Sedotta e abbandonata, possède en effet un talent singulier pour ce genre si prisé, lorsqu'il est bien honoré, du public italien et, d'une manière générale, des authentiques cinéphiles. Tournée dans la ville natale(2) de Luciano Vincenzoni (co-scénariste de La Grande guerra mais également collaborateur à cette époque de Sergio Leone), cette histoire "chorale" et citadine a obtenu en 1966 le Grand Prix du XXème anniversaire du Festival de Cannes(3) avant d'être nommée aux "Golden Globes" l'année suivante.
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Une réception chez les Scodeller va, ce soir, réunir une grande partie de la bourgeoisie de la ville. Avant d'aller chercher sa jeune épouse Noemi pour s'y rendre, le docteur Giacinto Castellan reçoit à son cabinet son vieil ami Toni Gasparini, venu lui confier un terrible et très intime secret.
Marié à une femme acariâtre, Osvaldo Bisigato, modeste employé de la Banca Cattolica, se décide enfin à avouer son amour pour Milena, la jolie caissière du bar où il se rend plusieurs fois par jour.
Une jolie jeune femme, portant autour de l'épaule un étrange tuyau, regarde avec intérêt une paire de chaussures inabordable dans la boutique de Lino Bebedetti, l'un des amis de Giacinto Castellan. En se montrant compréhensive, la jeune paysanne obtient l'objet convoité ; une amabilité que le commerçant trouve opportun de propager.
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"Mon Dieu, gardez-moi de mes amis. Quant à mes ennemis, je m'en charge !" Signore & signori semble illustrer à merveille le fameux aphorisme de Voltaire(4). La déloyauté, la médisance et le libertinage y font bon ménage avec l'amour et la vertu... jamais abso(l)us. Le scénario co-signé par le célèbre duo Agenore Incrocci-Furio Scarpelli fait en permanence preuve de beaucoup d'énergie et d'un humour pinçant. Une impression appuyée par la vitalité et l'intelligence de la mise en scène de Pietro Germi qui font souvent penser à celles qui caractérisent un autre très grand cinéaste, Billy Wilder. Le formidable casting achève de nous réjouir, en particulier la superbe Virna Lisi dans le seul rôle (presque) positif, Gastone Moschin que l'on reverra notamment dans Il Conformista et Amici miei, la viscontienne Nora Ricci et le fellinien Franco Fabrizi ou encore Beba Loncar qui partageait déjà l'affiche de Casanova '70 avec la Lisi.
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1. huit si l'on y ajoute La Viaccia dans lequel Germi était acteur aux côtés de Jean-Paul Belmondo et de Claudia Cardinale.
2. Trévise qui désigne aussi une salade (de caractère !) de la région vénitienne aux feuilles un peu fermes, à tige blanche et pourtour rouge ayant une fonction très décoratives mais apportant aussi une note craquante et douce lorsqu'elles sont servies nature.
3. en l'absence de "Palme d'or", un peu éclipsé par son ex-aequo Un Homme et une femme.
4. parfois attribué au doxographe byzantin Jean de Stobée.




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