vendredi 12 juin 2009

Pour elle


"... Quoi qu'on fasse, on s'improvise pas criminel."

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Une bien imprudente affirmation du retraité malfrat Henri Pasquet (joué par l'ex-flic Olivier Marchal), que le duo Cavayé-Lemans entreprend progressivement de contredire tout au long des XX minutes de cet étonnant thriller carcéralo-sentimental. Et d'illustrer, au passage avec de réelles intelligence et originalité narratives doublées d'une rare acuité, l'expression "aimer à la folie". Celle que commet, contre toute attente, un individu ordinaire pour sauver d'une perte certaine son épouse et sa famille. Présenté à Arras, Sarlat et Auxerre avant de sortir sur les écrans, Pour elle se classait alors en quatrième position du box-office, ne réunissant pourtant qu'environ six cent cinquante mille spectateurs au terme de son exploitation en salles. Ce très maîtrisé premier long métrage de Fred Cavayé, candidat en début d'année au "César" de la catégorie, mérite assurément une séance de rattrapage.
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Un matin, la police fait irruption dans l'appartement de la famille Auclert pour appréhender, devant son époux Julien et son très jeune fils Oscar, Lisa suspectée d'avoir assassiné sa patronne. Malgré son innocence, la jeune femme est condamnée à vingt ans de réclusion et incarcérée à la prison de Meaux. Désespérée par la confirmation du verdict en cassation, Lisa fait une tentative de suicide. Julien ne voit désormais aucune autre alternative que d'échafauder une évasion. Pour cela, le professeur de français dans un lycée recueille de précieuses informations auprès d'Henri Pasquet, ancien criminel plusieurs fois en cavale et auteur d'un ouvrage autobiographique. Julien doit trouver la meilleure solution pour faire sortir celle qu'il aime, réunir une forte somme de l'argent et éviter les différents pièges tendus par un milieu auquel il était jusque-là totalement étranger.
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Si l'on vous demande un jour de citer un bon thriller français récent, il vaudrait mieux que vous ayez vu Pour elle. Pas de manipulation reptilienne, pas de père, de fille ou d'épouse disparus ou réputés tels, pas de terrorisme, jusque une banale réalité pourrait-on dire qui confine, au final, avec une ténacité et une témérité inattendues... et payantes. Moins "tordu" que le Frantic de Polanski, spectaculaire que Die Hard de McTiernan, cette production indépendante surpasse par la qualité de son écriture, de sa réalisation et de son casting la plupart des films auxquels on serait tenté de le comparer. Vincent Lindon offre en particulier une des interprétations dont il a le secret talent. Une envergure qui n'est passée inaperçue puisque Paul Haggis himself s'est porté acquéreur des droits pour un remake.

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