Il Canto della vita (le chant de la vie)

"... Seulement pour vous."

Dramaturge précoce puis réalisateur reconnu du cinéma muet italien, Carmine Gallone connaît, après avoir tourné plusieurs productions européennes notamment en France, une seconde carrière dans son pays à partir de 1935. L'année de la chute de Mussolini, l'actif cinéaste (l'un des plus récompensés par la Mostra sous le régime fasciste) féru d'opéra adapte une pièce du fameux librettiste de Puccini Giuseppe Giacosa. Excelsa, qui vient de produire Roma, città aperta, lui confie le tournage d'Il Canto della vita, un scénario original de Gherardo Gherardi, avec lequel Gallone a collaboré à quatre reprises dont sur Odessa in fiamme. Ce drame populaire, aux fugitifs accents patriotiques, réunissait pour la dernière fois Alida Valli et Carlo Ninchi, têtes d'affiches de trois films de Mario Mattoli.

Rassemblés autour de Giovanna pour fêter joyeusement le début de la récolte, les employés de Cesare remarquent l'absence inexpliquée de leur patron. Retenu chez lui par une visite officielle, ce dernier, déjà frappé par le décès au combat de son aîné Guido, apprend la mort de son deuxième fils Armando, incorporé dans la Marine. Dans cette funeste circonstance, Cesare presse son cadet Giacomo à épouser rapidement sa fiancée romaine Maria afin d'assurer la pérennité de la famille et du patrimoine. Mais les rafles opérées par les autorités allemandes contraignent celui-ci à quitter prématurément la capitale et à se cacher dans une grotte à proximité de la propriété de son père. Au cours de sa retraite forcée, Giacomo dupe Giovanna sur ses sentiments à son égard et obtient ses faveurs. Enceinte, la jeune femme, pourtant considérée par tous comme indispensable au bon fonctionnement et à la cohésion de l'exploitation agricole, doit se résoudre à s'en aller.

Ce drame sentimental et successoral, d'une ruralité paternaliste, situé à la fin de la Seconde Guerre mondiale manque singulièrement d'intensité. Il Canto della vita évoque sans surprise les pagnolesques Fille du puisatier et Naïs (sorti la même année). Mais il est privé du déterminant élément modérateur que constituaient les personnages de Toine et de Félipe Rambert tenus par Fernandel ; un rôle non véritablement assumé par Luigi Almirante dans celui de Po. La fervente interprétation d'Alida Valli, sur le point de poursuivre sa carrière à l'étranger, crée d'ailleurs un étrange décalage par rapport à celle en demi-teinte de ses partenaires.