jeudi 4 juin 2009

Changeling (l'échange)


"Ne jamais commencer une bagarre, mais toujours la finir."

 - film - 43445_6
Ancien journaliste, J. Michael Straczynski (auteur de Babylon 5) a l'opportunité, il y a quelques années, de consulter des archives, destinées à la destruction, de la mairie de Los Angeles. Parmi celles-ci, le scénariste découvre et se passionne pour les pièces relatives à l'affaire Christine Collins. Malgré le puissant intérêt de cette étrange et dramatique histoire, le spec script qu'il rédige ne trouve pas d'acquéreur. Davantage documenté, un nouveau scénario trouve cette fois en Universal et Ron Howard preneurs, ce dernier devant initialement diriger le film. En février 2007, Clint Eastwood (pourtant habituel partenaire de la Warner après The Eiger Sanction) remplace son jeune et très occupé confrère à la réalisation. Doté d'un budget d'environ 55M$, la production enregistre près de 123M$* de recettes, dont plus des deux tiers à l'étranger. Présenté en compétition au 61e Festival de Cannes, Changeling est ensuite nommé dans plusieurs catégories des "Golden Globes", BAFTA et Academy Awards sans y obtenir un seul prix.
 - film - 43445_9
Christine Collins élève seule son fils Walter, âgé de neuf ans, dans une petite demeure de Lincoln Heights (Los Angeles). Le 10 mars 1928, appelée pour pallier l'absence d'une de ses collègues, la responsable d'équipe au sein de la Pacific Telephon & Telegraph doit se résoudre à différer ses projets de sortie avec son fils et à le laisser dans leur maison. A son retour dans l'après-midi, Christine constate l'absence de Walter et ses recherches dans le quartier restent vaines. Le lendemain, la police reçoit sa déclaration de disparition et engage une enquête pour retrouver le jeune garçon. Afin de redorer l'image des autorités publiques, altérée par des pratiques violentes et expéditives sous l'influence du chef de la police James E. Davis, l'affaire est résolue au bout de cinq mois, donnant lieu à une inusitée campagne de médiatisation. Un enfant, abandonné dans un bar de DeKalb (Illinois) par un vagabond et affirmant se nommer Walter Collins, est emmené à Los Angeles. A la gare où l'attend un groupe de reporters, Christine, accompagnée par le capitaine J.J. Jones en charge du dossier, découvre avec grande déception qu'il ne s'agit pas de son fils disparu.
 - film - 43445_13
L'impression mitigée laissée par Changeling ne trouve évidemment pas son origine dans le matériau narratif dont la solidité et la qualité ne font aucun doute. Il est d'ailleurs surprenant que cette affaire, aux significatives implications politiques, n'ait pas été exploitée jusque-là. Les multiples entorses aux libertés publiques au cours de période de la Grande Dépression, l'usurpation dans la sphère judiciaire et le caractère arbitraire des décisions de police donnaient a priori à ce récit authentique une ampleur et une originalité décisives. Le film se situe pourtant en retrait par rapport au potentiel qu'il recelait. Clint Eastwood renonce d'abord à tout parti-pris de réalisme, optant résolument pour un traitement "fictif", amplifié par une direction artistique ostensible et une réalisation d'un banal classicisme. Le choix d'Angelina Jolie (Reese Witherspoon et Hilary Swank figuraient parmi les cinq candidates pour le rôle) ne semble ensuite pas vraiment judicieux tant l'actrice paraît empruntée dans le registre du drame et de l'émotion. Même John Malkovich, en pasteur activiste d'une église presbytérienne, ne parvient pas à convaincre véritablement. Seule Amy Ryan apporte un peu de relief au casting.
___
*le situant assez loin des résultats de Mystic River, comparable sur plusieurs plans.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire