dimanche 1 février 2009

Dorothy Mills (dorothy)


"It's old stuff, OK, local stuff."

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Non, Agnès Merlet ne s'est pas, depuis dix ans, retirée sur une île septentrionale. Longtemps accaparée par un projet* auquel elle a dû finalement renoncer, la réalisatrice titulaire du "Prix Jean Vigo" 1985 pour son second court métrage nous revenait là où on ne l'attendait pas. Après un âpre et troublant drame social puis une biographie en costume nommée aux Golden Globes, Dorothy Mills explore en effet un univers diffus, situé quelque part entre aliénation et surnaturel. Une adhésion à un genre cinématographique justifiant, a priori, sa sélection à la 41e édition du festival catalan de Sitges.
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Sur une île au large de l'Irlande, le couple Kearsley, de retour du temple, entend leur bébé pleurer avec force, le découvrant mortellement brutalisé par sa jeune baby-sitter Dorothy Mills. Après un voyage intentionnel de quelques jours sur place, Jane Morton raconte à son époux et collègue Thomas, chef du département psychiatrique d'un hôpital de Dublin, les épreuves qu'elle y a rencontrées. Cela débute par la chute de son véhicule dans un lac provoquée par deux voitures en poursuite à laquelle par chance elle réchappe. Puis son arrivée, mal perçue par les villageois rudes et secrets, avant la rencontre avec la jeune fille présumée coupable de meurtre et qui plaide l'innocence. Une nuit, attirée par des cris, Jane, frappée peu auparavant par un terrible drame personnel, aperçoit par la fenêtre de sa chambre les trois jeunes gens responsables de son récent accident la menacer de façon très explicite. Il apparaît bientôt évident que Dorothy, orpheline née de père inconnu et confiée à sa tante Eileen McMahon, présente un trouble de personnalité multiple.
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La prouesse d'Agnès Merlet est d'avoir réussi, notamment en choisissant de s'affranchir de certains des codes du thriller psychologique et du film fantastique, à créer une véritable et souvent saisissante ambiance et fait preuve d'une réelle originalité. Très librement inspiré d'un cas clinique du début du XXe siècle, le scénario visiblement documenté de Dorothy Mills sait éviter toute facilité et autres astuces souvent requises pour faire naître de façon mécanique chez le spectateur tension et/ou effroi. Et il existe, en effet, une parenté subjective avec les classiques du cinéma (britannique) cités par la réalisatrice**. L'interprétation, peut-être trop lacrymale, de Carice van Houten, comme d'ailleurs celle des acteurs secondaires se montrent plutôt nuancées et solides. Mais le choc révélateur du film reste sans conteste la très complexe composition de la jeune comédienne et presque débutante Jenn Murray que l'on a hâte de revoir bientôt à nouveau sur grand écran.
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*un slasher situé dans le milieu des étudiants des Beaux-Arts dont elle est issue.

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