"... Perhaps this is a man you don't fully understand either."
Dire que ce second* opus de la nouvelle série Batman était très attendu, tant d'ailleurs par ses précoces encenseurs que par ses dénigreurs, constitue une pure lapalissade. Et il y avait du monde au tournant. Trop peut-être puisque le sixième long métrage de Christopher Nolan est en effet depuis devenu, par ses recettes, l'inaccessible (?) blockbuster du siècle aux Etats-Unis tout en jouissant sur place d'une cote d'estime probablement un peu excessive**. The Dark Knight, même en s'affranchissant assez sensiblement de l'œuvre graphique dont il s'inspire et en proposant une vision moins savoureusement immature que celle de Tim Burton près de vingt ans plus tôt, restera pourtant comme l'une des deux ou trois meilleures adaptations cinématographiques issues des univers Marcel et DC Comics réunis. Nommé par d'innombrables cérémonies de prix, principalement dans des catégories techniques (sept aux prochains Academy Awards), il permet aussi d'apprécier l'époustouflante performance du disparu Heath Ledger dans son pénultième rôle.
Un spectaculaire hold-up est perpétré dans une banque, située en plein cœur de la ville, appartenant à la mafia par trois individus masqués appuyés par deux complices chargés de neutraliser le système d'alarme. Le 'Joker', après avoir éliminés tous ses hommes, quitte l'agence à bord d'un bus scolaire en emportant une très forte somme d'argent. Pendant que le lt. James Gordon l'attend en vain au sommet d'un immeuble, Batman intervient au milieu d'une fusillade dans un parking opposant des trafiquants de drogue à des justiciers ayant revêtu un costume copié sur le sien. L'homme-chauve-souris et le chef de la brigade anti-crime de Gotham City se retrouvent néanmoins peu après dans le coffre vidé par les malfaiteurs et conviennent de s'attaquer, en collaboration avec le nouveau procureur Harvey Dent, par priorité au trafic de stupéfiant et à sa filière de blanchiment d'argent. Dent, fiancé à sa collaboratrice Rachel Dawes à laquelle Bruce Wayne est très attaché, doit justement requérir le lendemain contre Salvatore Maroni, présumé être le patron de la famille mafieuse Falcone.
"En brûlant la forêt" (Alfred Pennyworth). En deux décennies, le personnage créé en mai 1939 par Bob Kane et Bill Finger a considérablement changé. Le ton de récit fantasmagorique aux accents gothicomiques n'a évidemment plus cours chez Christopher Nolan. Comme Harvey Dent, The Dark Knight joue sur deux tableaux à la fois. La dimension fantastique n'est certes pas gommée, mais elle se trouve nettement, et d'une certaine façon paradoxalement, supplantée par celle de spectaculaire polar souvent réaliste, expression parfois métaphorique du monde actuel. Véritable et faux héroïsme, franchissement erratique de l'étroite frontière entre bien et mal, fascinante radicalité chaotique, des thèmes ou pulsions qui sous-tendent le scénario souvent alambiqué, voire abscons, signé par David Goyer et les frères Nolan. Mais la tension névrotique permanente du film doit beaucoup au personnage du 'Joker', interprété de manière hallucinante par un Heath Ledger qui relègue celle du pourtant immense Jack Nicholson au registre étroit du circophilisme et mérite largement d'être saluée, hélas à titre posthume, par les "Goldens Globes", BAFTA et autres "Oscars". D'autant qu'elle s'exerce au milieu d'un casting "patenté" (toujours sobre et excellent Michael Caine, Maggie Gyllenhaal, solide et éphémère remplacante de l'insipide Katie Holmes, Gary Oldman ou Aaron Eckhart).
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*deuxième puisqu'un troisième volet est programmé.
**sur la base d'un budget de 185M$ (contre 150M$ pour le précédent) la production Warner a presque atteint le milliard de recettes mondiales (contre près de 372M$) dont un peu plus de la moitié aux USA. Le film s'y classe deuxième au box-office "all time" derrière Titanic et devant Star Wars, 4e à l'international devancé par The Lord of the Rings: The Return of the King et Pirates of the Caribbean: Dead Man's Chest. Il est enfin aujourd'hui placé en 6e position par les votes des lecteurs du site Imdb.
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