vendredi 7 décembre 2007

Riusciranno i nostri eroi a ritrovare l'amico misteriosamente scomparso in Africa? (nos héros réussiront-ils à retrouver leur ami mystérieusement disparu en Afrique ?)


"Vous avez lu Jack London ?"

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Symptomatique de l'époque, le désir d'évasion qui caractérise les années 1960 va naturellement trouver une traduction au cinéma. En Europe, Philippe de Broca nous conviait à un périple au Brésil en compagnie d'Agnès Villermosa-Françoise Dorléac et Adrien Dufourquet-Jean-Paul Belmondo. Quatre ans plus tard, Stanley Kubrick nous entraînait dans une incroyable odyssée futuriste et spatiale tandis que, symétriquement, Blake Edwards explorait l'exotisme sous l'angle de la comédie en quasi huis-clos. Cette même et enfiévrée année 1968, le quatrième film du réalisateur Ettore Scola prenait aussi le large. Cette première collaboration avec le duo** Agenore Incrocci-Furio Scarpelli, formé dès 1949 avec Totò cerca casa, installait en effet ses plateaux dans les décors naturels de l'Angola.
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Editeur riche et surmené, Fausto Di Salvio est préoccupé par la disparition en Afrique portugaise de son beau-frère, Oreste Sabatini, un an auparavant. Les dernières informations recueillies par le colonel Zappavigna, engagé pour tenter de le retrouver, indique sa présence dans la localité de Toumboué. Un après-midi, alors qu'il s'accorde un bref répit dans le très huppé club de sports dont il est membre, Di Salvio est ébranlé par le brusque décès de son voisin de solarium. Le soir, rentré chez lui, il est pris à partie par sa belle-sœur éplorée et désormais alcoolique Marisa. Soudain conscient de la vanité de sa condition, l'entrepreneur décide de partir à la recherche de 'Titino', emmenant avec lui son proche collaborateur et comptable, le sédentaire Ubaldo Palmarini. Arrivé à Luanda, Di Salvio acquiert un véhicule tout-terrain et engage un guide portugais, Durabal, safariste et chasseur expérimenté. Sur la route de Toumboué, après avoir abattu sans raison une gazelle, celui-ci doit réparer le 4x4 tombé en panne. Au cours de cette halte forcée, les deux Romains rencontrent un aborigène, un événement à l'origine du licenciement sur le champs de Durabal pour racisme primaire. Livrés à eux-mêmes, Ubaldo et son patron sont contraints de passer, en pleine savane, leur première nuit à la belle étoile.
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Presque aussi interminable que son titre, ce road-movie à l'italienne de Scola n'oublie évidemment pas de flirter avec la critique sociale et la comédie de mœurs. Situé dans le premier pays africain ayant subit le colonialisme européen, la question des relations ambiguës entre le Continent vert et l'Occident est bien sûr abordée sous l'angle de l'imagerie populaire (celle des mythiques explorateurs tels David Livingstone ou du "safarisme"), de l'exploitation (caricaturée par la maladroite recherche d'intimité de Di Salvio auprès de la belle Maria Carmen) ou encore de l'esclavagiste le plus ignoble (symbolisé par la scène du pont humain). Mais la thématique centrale semble être le retour, ici naïf et drôle, à "l'état de nature" (ou sauvage), comme le soulignent les références aux œuvres klondikiennes de Jack London ("The Call of the Wild" et "White Fang"). D'autres citations intellectuelles apportent quelques saveurs supplémentaires à cette absurde tentative de découverte de soi par la fuite, notamment à Joseph Conrad (plus de dix ans avant que l'écrivain polonais n'inspire un chef-d'œuvre à Coppola !), et, fugitives, à l'officier et essayiste Carl von Clausewitch et à Federico Fellini. Enfin, le duo Alberto Sordi-Bernard Blier***, deux acteurs transnationaux qui s'étaient déjà croisés chez Mario Monicelli et Mario Camerini, donne à ce conte voltairien moderne un relief sympathique mais en-deçà de son potentiel présumé.
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*première réplique : vous avez lu la nouvelle de London des deux chasseurs perdus au Klondike ?"
** aux cent scénarii, le dernier en 1985, Scemo di guerra de Dino Risi.
***dans le casting initial, Nino Manfredi et Alberto Sordi devaient tenir les rôles inverses.

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