"Mais l'essentiel n'est pas d'être innocent, c'est que l'on vous croit tel."
Plusieurs fois adapté au cinéma*, Don César de Bazan est d'abord un des personnages centraux, cousin de Don Sallustre, de "Ruy Blas", la pièce de théâtre de Victor Hugo publiée en 1838. Le comte de Garofa a ensuite donné son titre à l'opéra comique en quatre actes de Jules Massenet sur un livret d'Adolphe d'Ennery (Les Deux orphelines), Philippe Dumanoir et Jules Chantepie donné la première fois à Paris en 1872. Avant de s'illustrer dans d'autres genres, Riccardo Freda débute sa carrière de réalisateur avec ce film de cape et d'épée dont la mode, après les productions de Dwan, de Curtiz et de Mamoulian, s'était provisoirement essoufflée aux Etats-Unis. L'ancien scénariste de Gennaro Righelli notamment y fait d'emblée montre d'une belle maîtrise de la mise en scène.
Espagne, 1650. Pendant que Don César, comte de Bazan fête à l'"Alcazar" son retour au pays après ses glorieux exploits pendant la campagne de Flandres, le vicomte de Beaumont, ambassadeur de France à la cour du roi Philippe IV,
appuie le projet de séparation de la Catalogne ourdit par ses
représentants. Pour arriver à ses fins, il possède un atout qu'il croit
décisif, la comédienne française Renée Dumas aux charmes de
laquelle le souverain ne semble pas indifférent. La jeune femme est
chargée d'attirer ce dernier hors de son palais, le faisant ainsi tomber
dans un piège décisif en faveur de la cause qu'elle sert malgré elle. Don César et de Beaumont
se croisent dans l'établissement en portant ensemble secours à un jeune
garçon poursuivi par la garde. Le premier, installé à l'"Osteria del
Falcone", est bientôt rejoint pas son fidèle Sancho venu lui apprendre la découverte de nombreux barils de poudre à bord du navire "Santa Fe". Le lendemain, Don César demande à être reçu par le premier ministre Don José de Noguerra pour l'avertir de la trouvaille. Mais celui-ci, lié au projet dirigé par de Beaumont, fait en sorte de neutraliser durablement son informateur.
Don Cesare di Bazan est un premier film surprenant et plaisant. Le scénario, signé par un sérieux quintette, mise sur une narration serrée (le métrage est inférieur à l'heure et demi), favorisant le rythme et l'efficacité. La présence du chef-opérateur Mario Craveri aux côtés de Riccardo Freda constitue évidemment un atout pour le cinéaste trentenaire. Le futur co-attributaire d'un "Prix spécial du jury"
cannois allie à une photographie graphique et expressionniste la
modernité de plans audacieux pour ce début des années 1940. La scène de
combat final évoque d'ailleurs celle du The Adventures of Robin Hood de Michael Curtiz. Entourés de quelques bons seconds rôles, le Bolonais Gino Cervi et l'Allemande Anneliese Uhlig, à la singulière beauté, offrent de solides prestations.
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*dont les films muets éponymes de et avec Theo Frenkel de 1912 ou de Robert G. Vignola avec Lawson Butt dans le rôle-titre en 1915.
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