"... Un grand coup de soleil."
Etonnant qu'il ait fallu attendre près de vingt ans pour voir la vie de Dalida portée à l'écran. La radieuse interprète de "Bambino" et de "Gigi l'Amoroso" n'est-elle pas, comme son aînée Edith Piaf, un personnage tragico-romanesque par excellence ? Dalida
est, bien sûr, avant tout cette formidable vedette française et
internationale dont la carrière a traversé trois décennies très
différentes sur le plan musical. Elle est aussi une femme amoureuse, (trop)
souvent éprouvée par le destin et les hommes dès son enfance. C'est ce
double portrait que tente de dresser le téléfilm en deux parties (1935 - 27 février 1967 - 3 mai 1987) produit par Pascale Breugnot et réalisé par Joyce Sherman Buñuel (la bru du grand Luis*).
Choubrah, un des quartier populaires du Caire, en 1935. Yolanda Gigliotti est le deuxième enfant d'une famille italienne immigrée en Egypte. Son père Pietro,
premier violon à l'opéra de la ville, est le seul à pouvoir l'apaiser
avec son instrument lorsqu'elle souffre des yeux. Mais il est bientôt
emmené et emprisonné, comme beaucoup d'hommes d'origine italienne, par
l'armée du roi. A son retour, quatre ans plus tard, Pietro a beaucoup changé et n'entretient plus avec sa fille la même relation privilégiée. Elue Miss Egypte 1954, Yolanda débute sous le nom de Dalila
une carrière de starlette dans de modestes péplums locaux avant de
s'envoler pour Paris où les rôles pour de jeunes actrices typées comme
elle sont plutôt rares. Sur les conseils de Solange rencontrée sur un casting, elle se tourne vers la chanson et se produit à la "Villa d'Este". Bruno Coquatrix, qui vient de racheter un vieux cinéma parisien, "l'Olympia", lui suggère de participer à son spectacle de variétés, "Les Numéros un de demain". Rebaptisée Dalida par celui-ci, elle est remarquée par Lucien Morisse, le directeur artistique de la station Europe 1 et son ami l'éditeur de disques Eddy Barclay. Le premier ne tarde pas à devenir l'amant de sa nouvelle chanteuse.
La
biographie filmée, en particulier de personnalités contemporaines et
médiatiques, constitue un genre difficile. Il faut à la fois ne pas
décevoir ceux qui les ont connu et ne pas en donner une vision déformée
aux autres. Dalida ne trahit pas son sujet. Le téléfilm de Joyce Buñuel n'évite certes pas quelques maladresses scénaristiques et de réalisation, mais cette (trop ?) longue évoca(fic)tion
de la femme plus que de l'artiste** semble au moins fidèle à l'image
officielle entretenue par ceux qui en sont les dépositaires. Sans
posséder le tempérament de son personnage, la courageuse Sabrina Ferilli
apporte une réelle crédibilité à cette narration métadiégétique et
légèrement aseptisée. On regrette alors, pour cette raison, l'ostensible
obstination de la version française à rouler les "R".
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*aperçu dans un document d'archives de 1961 lors de la remise de la "Palme d'or pour Viridiana''.
**bien que dans le cas de Dalida, l'imbrication soit très forte.
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