"Dites-vous que vous n'avez pas eu le choix. C'est souvent le cas."
Alors que l'Italien Sergio Leone sortait de sa longue éclipse pour proposer son ultime œuvre, un superbe polar sur l'Amérique et la mémoire, le Californien Sam Peckinpah
revenait après une absence de cinq ans et livrait lui aussi son dernier
film dans lequel l'image occupe une place déterminante. Les deux
productions, très distinctes, nouent cependant à distance une
dialectique sur l'intéressant et réversible thème de
l'impression-expression. Adaptation (la première pour l'auteur new-yorkais, mieux connu au cinéma depuis la trilogie "Jason Bourne") du deuxième roman de Robert Ludlum paru en 1972, The Osterman Weekend, "Prix spécial du jury" à Cognac en 1984, apparaît comme un opus singulier dans la filmographie de Peckinpah.
Lawrence Fassett,
un agent de la C.I.A. dont l'épouse a été assassinée en raison des
activités de son mari devant les caméras de surveillance installées dans
leur appartement, souhaite démanteler le réseau d'espionnage à la solde
du K.G.B. à l'origine de ce meurtre. Il propose à Maxwell Danforth, le directeur de l'Agence, de recruter John Tanner, le journaliste et percutant animateur de l'émission d'interviews politiques "Face to Face",
pour tenter d'obtenir la collaboration de l'un de ses trois anciens
camarades de promotion à Berkeley appartenant, sans qu'il le sache, à ce
réseau piloté par le soviétique Andrei Mikalovich. Pour se prêter à ce jeu dangereux, Tanner exige de Danforth une participation à son émission. La septième édition du week-end annuel organisé à l'initiative de Bernard Osterman ne ressemblera vraiment pas aux précédentes.
"La vérité n'est qu'un tissu de mensonges." En 1973 dans Anderson Tapes, Sidney Lumet s'était notamment intéressé, sur le ton de la comédie, à la place grandissante de la surveillance (audio)
dans la société civile. Plus de dix ans plus tard, c'est de la
fascination de l'image et de sa manipulation dont il est question dans The Osterman Weekend. Après The Killer Elite, Peckinpah,
dont l'influence sur le scénario est resté faible avant d'être
finalement remercié par ses producteurs pour "divergences de vue",
renoue avec l'ambiance des thrillers politiques paranoïdes des années
1970*. Cette machination à double détente, à l'intrigue inutilement
alambiquée, même si elle paraît aujourd'hui un peu datée, doit beaucoup
au duo d'acteurs John Hurt-Rutger Hauer.
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