"Je suis un artiste, tu sais. Et toi aussi."
Difficile d'attribuer la paternité de Luci del varietà à Alberto Lattuada ou à Federico Fellini. Le film est-il le fruit d'un véritable (et toujours délicat !) travail de collaboration à la réalisation, le sixième film de fiction de Lattuada ou l'authentique première œuvre de l'assistant de Roberto Rossellini et scénariste de Pietro Germi
et, déjà, de son aîné milanais ? Aussi importante soit-elle pour les
historiens du cinéma, l'essentiel consiste à reconnaître la parenté de
cette comédie dramatique avec les futures productions du cinéaste natif
de Rimini, notamment le mélodramatique La Strada. En vedette de cette imbroglio artistico-romantique figure Peppino De Filippo, sorte de Chaplin napolitain et partenaire à plusieurs reprises de Totò, authentique comédien et directeur de théâtre populaire lorsqu'il ne fait pas l'acteur.
Liliana Antonelli prend le même train que la troupe de variétés dirigée par Adelmo. Ayant assisté à sa dernière représentation, la jeune femme espère être engagée comme danseuse et sollicite pour cela Checco Dal Monte
qu'elle prend pour le patron. Davantage séduit par la plastique de la
belle enfant que par ses modestes titres de gloire, un diplôme de
danse-marathon et une élection en tant que Miss Plage, Dal Monte
est prestement dégrisé par une paire de claques. Arrivée à la gare de
destination, la compagnie, ne pouvant s'offrir les services du cocher
envoyé par le directeur du théâtre où elle doit se produire, est
contrainte de faire le trajet à pied. 'Lily' prend à sa charge
la course et gagne l'estime du groupe, mais elle déchante rapidement
face à l'hostilité des membres de la troupe de la voir les rejoindre.
L'apprentie-artiste, qui n'a plus le sou pour rentrer chez elle, voit
son ambition satisfaite in extremis lorsque le directeur du théâtre la
décompte avec les six autres danseuses. Elle devient même, grâce à un
incident imprévu, la vedette du spectacle.
Au moment d'esquisser le sujet du scénario, Federico Fellini
s'est-il souvenu de l'époque où, enfant, il avait tenté de suivre la
troupe d'un cirque ? A travers cette histoire d'une double romance, la
première concrète et sincère, la seconde, saugrenue et illusoire, Luci del varietà
traduit bien toute l'ambiguïté de l'art de la comédie, une constante
dans l'œuvre du réalisateur italien. Pourtant, cette relation à
connotation sociale où s'opposent la jeune première arriviste, sans réel
talent, et son expérimentée consœur, altruiste et sensible, n'est-elle
pas finalement assez conventionnelle ? Le film recèle néanmoins un
épisode de pure fantaisie poétique, celui de la rencontre de Checco avec Johnny,
le trompettiste américain qui contribue pour une bonne part à l'intérêt
de la narration et grâce auquel un lien peut être imaginé avec le Limelight de Charles Chaplin.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire