dimanche 12 novembre 2006

Jeanne Poisson, marquise de Pompadour


"... Je ne pense qu'au roi, et le roi n'a que moi."

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Il existe à la télévision, en particulier sur le service public, une longue tradition de séries historiques qui remonte au moins aux débuts des années 1970, notamment avec le désormais légendaire (et "remaké" !) Les Rois maudits de Maurice Druon, Marcel Jullian et Claude Barma. Avec Jeanne Poisson, marquise de Pompadour, cette tradition, moyennant quelques adaptations, est préservée. La production a d'ailleurs fait appel à un vieux "briscard" du petit écran, ancien assistant de Georges Lautner et compétiteur cannois en 1975, pour lequel il s'agit du premier film en costumes. Compte tenu de la diversité de l'offre de programmes, difficile de fidéliser les téléspectateurs sur six ou dix épisodes comme autrefois. Les séries sont donc, la plupart du temps, devenues de très longs métrages en deux parties, élément évidemment décisif sur le contenu et le rythme narratifs.
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Au cours d'une chasse, Louis XV croise la séduisante Madame Le Normant d'Etiolles, née Jeanne-Antoinette Poisson. Intrigué et charmé par cette jeune épouse et mère d'une petite fille, le roi l'invite à un bal costumé. Sous son masque, Jeanne, accompagnée de sa cousine Elisabeth, ne reconnaît pas le souverain et se montre ferme et désagréable avec lui. Elle ne rêve pourtant que de conquérir son cœur et, pressée par sa mère, d'être accueillie à la cour. Devenue la maîtresse puis la favorite du roi, elle est installée par celui-ci à Versailles. Mais ses origines roturières l'empêchent de fréquenter la noblesse courtisane. Malgré l'opposition de son entourage, en particulier celle de la famille royale, Louis fait d'elle une marquise et sa plus proche conseillère.
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On ne souligne souvent pas assez l'importance des femmes dans l'histoire officielle. Ecrivains et cinéastes se chargent heureusement de rétablir un plus juste équilibre entre ses acteurs. Cela est particulièrement flagrant au XVIIIe siècle au cours duquel au moins trois personnages féminins ont exercé une influence significative, la marquise de Pompadour, la comtesse du Barry, maîtresses successives de Louis XV, et Marie-Antoinette d'Autriche, reine de France. Toutes trois ont d'ailleurs inspiré plusieurs productions cinématographiques*, la première une bonne dizaine, majoritairement allemandes, dès les années 1920.
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Près de quatre-vingt ans après le drame britannique d'Herbert Wilcox avec Dorothy Gish dans le rôle titre, ce téléfilm en deux époques de Robin Davis est, malgré ses lacunes, incontestablement plaisant. Le scénario composé à six mains, en particulier celles de Jacques Forgeas, collaborateur de Beineix sur deux films, ne possède cependant pas les qualités d'écriture des souvenirs de la marquise de Maintenon signés par Françoise Chandernagor dont Nina Companéez avait adapté pour la télévision L'Allée du roi en 1996. Centré sur la relation sentimentale entre Jeanne Poisson et son royal amant ainsi que sur l'opposition farouche menée par le dauphin, le récit néglige les aspects politiques (l'alliance franco-autrichienne de 1956 par ex.) et le rôle du pouvoir financier à l'origine de l'ascension de la jeune amoureuse. Le personnage de Louis XV est dépeint également de manière un peu univoque. Peut-être aurait-il fallu rappeler l'événement déterminant de Metz en 1944 qui valu au roi le surnom de "Bien-Aimé", permettant de mieux rendre et comprendre la complexité de sa psychologie. Hélène de Fougerolles, qui tenait en 1994 un petit rôle dans Jeanne la Pucelle de Rivette et dans La Reine Margot de Chéreau (avec Vincent Perez), est en revanche délicieuse... comme une bonne tasse de chocolat !
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*Madame du Barry a notamment été portée à l'écran par Ernst Lubitsch, William Dieterle et Christian-Jaque, Marie-Antoinette au moins huit fois au cinéma et à la télévision, la dernière cette année par l'étasunienne Sofia Coppola.

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