1946 est l'année de naissance du vocable "film noir".
Une invention de critiques français qui découvrent, à la Libération,
une série de films américains dont le style est proche. C'est également
l'année de sortie du Postman Always Rings Twice
de Tay Garnett
, du Big Sleep
d'Howard Hawks
et de The Killers
, le chef-d'œuvre de Robert Siodmak
. Deux mois à peine séparent The Killers
de Dark Mirror
du même réalisateur sur les écrans US. Inspiré d'un ouvrage de l'écrivain français Vladimir Pozner
(sélectionné pour les Oscars 1947, l'auteur a, à cette date, déjà collaboré avec Jean Negulesco
et Marc Allégret
), Dark Mirror
n'a pas la même force et ne dispose pas de la même qualité d'interprétation.
Le détective Stevenson (Thomas Mitchell
) enquête sur le meurtre du docteur Peralta. Ses soupçons se portent rapidement sur une jeune femme, Theresa Collins (Olivia de Havilland
),
aperçue la veille en sa compagnie. Mais celle-ci dément et affirme
s'être promenée seule. Alibi que confirment plusieurs témoins. Stevenson découvre alors que la meurtrière présumée a une sœur jumelle, Ruth. En l'absence de preuve indiscutable permettant de les inculper, l'enquête s'interrompt et Tracy et Ruth sont laissées en liberté. Le policier demande néanmoins conseil auprès du docteur Scott Elliott (Lew Ayres
), un psychologue, spécialiste des jumeaux qui, étrangement, avait reçu la visite du docteur Peralta, peu de temps avant d'être tué.
Même s'il en respecte certaines règles, Dark Mirror
est davantage un drame psychologique qu'un authentique film noir*. Très
influencé par la vague "psy" qui a commencé à déferler sur Hollywood,
il faut plutôt le rapprocher, bien qu'il n'en possède pas la qualité,
d'un Spellbound
d'Hitchcock
, sorti l'année précédente. L'intrigue réelle du film se noue au cours de ces séances d'analyse chez le Dr. Elliott
destinées à percer et, finalement, mettre à jour la personnalités des
deux sœurs. Elle vont révéler l'opposition secrète et primordiale entre
les deux femmes, depuis leur enfance d'orphelines mais, également, pour
gagner le cœur du médecin. Le film joue, bien entendu, en permanence
sur la dualité et le reflet, employant régulièrement la forme symbolique
du miroir. Dark Mirror
repose, pour l'essentiel, sur le double rôle joué par Olivia de Havilland
. Celle qui recevra, la même année, son premier "Oscar" pour un autre film (To Each His Own
de Mitchell Leisen
),
et même si elle parvient à donner un profil intellectuel spécifique à
chacun de ses deux personnages, n'est pas totalement convaincante dans
son interprétation du double trouble psychologique. Elle retrouve, dans
quelques rares scènes, son partenaire de Gone with the Wind
, Thomas Mitchell
. Seul Lew Ayres
modère l'omniprésence de l'actrice à l'écran. Absent depuis quatre ans et le Fingers at the Window
de Charles Lederer, Lew Ayres
apparaît, déjà ici, en médecin avant de le redevenir dans l'un des films qui a marqué sa carrière, Johnny Belinda
de Jean Negulesco
, où il est le docteur Robert Richardson s'occupant d'une jeune muette jouée par Jane Wyman
.
___
*l'aspect "noir" doit beaucoup au chef-opérateur Milton R. Krasner
qui venait de s'illustrer successivement dans deux films de Fritz Lang
, The Woman in the Window
et Scarlet Street
.












Le détective Stevenson (Thomas Mitchell



Même s'il en respecte certaines règles, Dark Mirror















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*l'aspect "noir" doit beaucoup au chef-opérateur Milton R. Krasner




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