"Vous croyez pas qu'on peut refaire sa vie à trente ans ?"
Troisième film de Diane Kurys
réalisatrice*, Coup de foudre
est, comme ses prédécesseurs, largement auto-biographique. Après avoir évoqué ses souvenirs de jeune lycéenne dans Diabolo Menthe
et la difficile transition vers l'âge adulte dans Cocktail molotov
, la réalisatrice remonte dans le temps et aborde les origines de sa famille. Emmené par un duo d'actrices efficace et (presque)** inédit, le film remporte un vif succès en France mais aussi à l'étranger. Il est nommé quatre fois aux Césars 1984 (meilleur film, meilleure actrice, meilleur acteur dans un second rôle, meilleur scénario)*** et sélectionné, la même année, pour l'"Oscar" du meilleur film étranger (prix décerné au suédois Fanny et Alexandre).




En 1942, dans un camps d'internement du sud-ouest de la France, une jeune femme juive belge d'origine russe, Léna Weber (Isabelle Huppert
), épouse, pour éviter d'être déportée en Allemagne, un soldat français, Michel Korski (Guy Marchand
), lui aussi israélite. Au même moment, une élève des Beaux-arts de Lyon, Madeleine (Miou-Miou
) se marie avec son camarade de cours, Raymond (Robin Renucci
), lequel est tué, peu après, au cours d'une rafle de la milice. Dix ans plus tard, Léna rencontre Madeleine, remariée à Costa Segara (Jean-Pierre Bacri
),
à l'occasion d'une fête à l'école de ses filles. Les deux femmes
deviennent progressivement liées par une amitié si forte qu'elle va
déstabiliser les couples et briser les familles.





Hommage explicite à ses parents et à Madeleine, Coup de foudre
est intéressant à plus d'un titre. D'abord parce que c'est un film de
femme sur des femmes. Et, qu'en tant que tel, il décrit, avec simplicité
et pudeur, sans omettre certaines de ses difficultés et contradictions,
ce lent processus d'émancipation de la gent féminine initié
après-guerre. Il montre que la libération de la morale sociale, opérée
dans le sillage de la Libération politique, a rendu possible une
alternative à l'amour conjugal. Ensuite c'est l'efficacité de
l'interprétation des acteurs. Le "couple" Huppert
-Miou-Miou
**** fonctionne à merveille, la première dans le rôle d'une petite bourgeoise classique, passive mais déterminée (sorte de Mme Bovary
du XXe siècle à laquelle on aurait ôté la dimension tragiquement fatale),
mariée sans amour et qui aspire à autre chose sans savoir exactement
quoi. La réponse lui sera apportée par la seconde, plus libre par
vocation (c'est une artiste) et par la meurtrissure et le désenchantement précoces (liés à la perte de son amour à dix-sept ans). Malmenés par le scénario, les hommes ne doivent, néanmoins, pas être oubliés, Bacri
moins caricatural qu'à son habitude et surtout Marchand
qui connaissait, en ce début des années 1980, une série de rôles
susceptibles de mettre en évidence son authentique talent d'acteur.
__





*rappelons qu'elle a débuté sa carrière cinématographique comme actrice au début des années 1970.
**les deux comédiennes se sont croisées, neuf ans plus tôt, sur le tournage des Valseuses


***dans ces catégories, sont respectivement couronnés A nos amours








****la réalisatrice a rencontré ses deux comédiennes sur des tournages, Huppert







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