lundi 1 février 2010

Trapeze (trapèze)


"- You really fly high.
- Because I am not afraid of anything."

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Après le splendide The Third Man, le parcours du cinéaste Sir Carol Reed, récemment anobli mais lâché par ses "amis" Welles et Korda, semble plus aléatoire et, dans l'ensemble, moins inspiré. Deuxième de ses films réalisés en couleur (le premier en Cinemascope), Trapeze est une adaptation du roman "The Killing Frost" publié en 1950 par le dramaturge et écrivain mancunien Maxwell Jeffrey Catto (auteur notamment des ouvrages dont seront tirés Seven Thieves et Murphy's War). Produit par James Hill, Harold Hecht et Burt Lancaster, associés depuis 1948(1), ce drame circo-sentimental réunissait pour la première fois(2) 'Mr Muscles and Teeth' et son cadet (également new-yorkais) en plein envolée Tony Curtis aux côtés de la Romaine Gina Lollobrigida, dont la carrière US tardait à décoller malgré sa participation au Beat the Devil de Huston trois ans plus tôt.
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Venu de Brooklyn à Paris pour rencontrer Mike Ribble et le convaincre de l'aider à réussir le triple, Tino Orsini essuie d'abord un refus. Ancien voltigeur devenu chef-accessoiriste du cirque Bouglione à la suite d'un grave accident en exécutant cette figure en public, Ribble a perdu le goût de l'existence et croit tempérer son aigreur grâce à l'alcool. Par son talent et son enthousiasme, le fils du trapéziste Guido Orsini parvient à infléchir la position de son invalide mais prestigieux aîné. Après plusieurs essais, les deux hommes propose au directeur du cirque de programmer leur duo. Ce dernier leur demande alors de laisser Lola, une jeune et jolie gymnaste qui vient délibérément pour cela d'abandonner ses trois partenaires, partager leur numéro.
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Pour une réalisation mandatée, Trapeze reste assurément une bonne surprise dans la filmographie de Carol Reed, nommé l'année suivante aux Directors Guild of America Awards. Tourné pour partie au Cirque d'hiver(3), il offre une vision certes romanesque mais plutôt intéressante de l'art créé au XIXe siècle par le Toulousain Jules Léotard. S'inscrivant sans pâlir dans la lignée des Varieté, The Greatest Show on Earth et de La Strada. Les scènes de voltige dirigées par Fay Alexander(4), mises en images par le duo reformé (pour la troisième des quatre fois) Reed-Robert Krasker sont incontestablement un des atouts du film. Avant de bientôt se retrouver (bien moins aimablement !) une seconde fois dans Sweet Smell of Success, la paire Burt Lancaster(5)-Tony Curtis fonctionne également bien. Un numéro de duettistes qui explique sans doute l'"Ours d'argent" décerné au premier et le "Prix du public" attribué au film à Berlin en juillet 1956. Sans oublier les discrets mais indispensables seconds rôles tenus par la Mexicaine Katy Jurado (High Noon, Broken Lance) et (le seul crédité) par l'harmoniciste Johnny Puleo.
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1. en particulier pour Vera Cruz au scénario co-signé le même James R. Webb.
2. les deux acteurs s'étaient peut-être croisés sur le plateau de Criss Cross.
3. ancien Cirque Napoléon, puis National construit pour Louis Dejean, propriétaire du Cirque d'été, en 1852 rue Amelot (Paris 11) par Jacques Hittorff et repris en octobre 1934 par les quatre frères Bouglione. Gilles Margaritis y créa en 1950 sa fameuse et très populaire "Piste aux étoiles".
4. trapéziste auteur de son premier triple salto à 28 ans (1952), doublure de Cornel Wilde dans le film précité de Cecil B. DeMille et titulaire d'un petit rôle dans The Big Circus produit en 1959 par Irwin Allen.
5. ancien gymnaste et acrobate qui exécute quelques unes des scènes de trapèze.
N.B. : Willy Krause, ami de Lancaster et qui venait de tenir le rôle de Joseph Goebbels dans Der letzte Akt, remplaça Sally Marlowe pour doubler les cascades... de Gina Lollobrigida.

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