lundi 15 février 2010

The Box


"Any sufficiently advanced technology is indistinguishable from magic."

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Cette (troisième) loi d'Arthur C. Clarke(1) doit, sans doute, pouvoir également s'appliquer au cinéma. Dans cette perspective, et quelque soit l'ordre des facteurs, force est de reconnaître qu'elle ne qualifie pas le troisième long métrage de Richard Kelly. Pour sa première adaptation, le cinéaste natif de Virginie a porté son dévolu sur la courte histoire "Button, Button"(2) de Richard Matheson (auteur notamment de The Incredible Shrinking Man, Duel ou de plusieurs épisodes de Twilight Zone). Le Hongrois d'origine Peter Medak l'avait d'ailleurs portée au petit écran dans le cadre de la seconde série(3) créée par Rod Serling. Echec commercial aux Etats-Unis(4), boudé par les spectateurs français, The Box demeure, au mieux, foncièrement hermétique.
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Richmond (Virginie), le 16 décembre 1976. La sonnerie de l'entrée tire le jeune couple Lewis de son sommeil à 5h45. Derrière la porte, peu après avoir aperçu une limousine noire démarrer, Norma découvre un paquet. Son époux Arthur en extrait un boîtier, muni d'un bouton-poussoir rouge protégé par un dôme en verre, accompagné d'une carte annonçant la visite, à 17h, d'un certain M. Steward. Après son cours de littérature pendant lequel elle a accepté, à la demande d'un étrange étudiant, de dévoiler son pied amputé de quatre orteils, Norma apprend qu'elle ne pourra désormais plus bénéficier de l'habituelle réduction des frais de scolarité pour son fils Walter. Une décision dont l'effet sur les faibles ressources de la famille est redouté. A l'heure dite, Arlington Steward se présente au domicile des Lewis. La partie gauche du visage de ce distingué individu est affreusement mutilée ; malgré son appréhension, Norma l'invite à entrer.
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L'inconnu lui remet la clé du dispositif laissé le matin même. Si elle et son mari décident d'appuyer sur le bouton, ils provoqueront le décès d'un être humain quelque part dans le monde mais recevront en contrepartie une mallette contenant un million de dollars en billets de cent neufs dont l'un d'entre-eux est laissé gracieusement à titre de remerciement. Devant l'incrédulité et les interrogations de Norma, Steward assortit son offre de trois conditions : aucune information sur ses employeurs ne peut être divulguée, la proposition ne peut être évoquée à des tiers et le délai accordé est fixé à vingt-quatre heures au terme duquel le bloc-contact sera récupéré et reprogrammé pour un autre destinataire.
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Doit-on sérieusement s'inquiéter de la dérivée (négative) suivie par la trajectoire de Richard Kelly ? Southland Tales avait déjà provoqué sinon l'embarras au moins le doute. Produit par l'indéfectible Sean McKittrick, The Box semble à s'y méprendre symptômatique d'une shyamalanite aigüe (cinéaste dont The Happening pourrait bien être inspiré par le "Lemmings" de Matheson !). En matière de fiction spéculative, le récit ne manque pourtant pas d'intérêt, puisant l'essentiel de ses ressorts narratifs à travers les dimensions psychologiques, morales et bien sûr astrophysiques(5) du scénario. De fugaces mais réels moments de tension sont "ménagés" et la qualité de la photographie de Steven Poster ne peut être contestée. Malgré cela, le film nous fait en permanence hésiter entre stupeur et ironie (en particulier lors de cette incroyable partie de cache-cache-poursuite dans la bibliothèque). Avant même d'avoir à évoquer le jeu (hébété semble adapté !) des acteurs. Le "franc-tireur d'Hollywood" serait-il à court de munitions ?
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1. formulée dans l'essai "Hazards of Prophecy: The Failure of Imagination" (in "Profiles of the Future" - 1962).
2. publiée la première fois dans le numéro de juin 1970 du magazine "Playboy" (à ne pas confondre avec celle d'Isaac Asimov publiée en janvier 1953 dans la revue "Startling Stories").
3. second segment du 20e épisode de la saison 1 (1986) avec Mare Winningham, Brad Davis et Basil Hoffman (qui fait ici des apparitions) dans les rôles principaux.
4. 15M$ de recettes, soit la moitié seulement du budget de 30M$ ; le plus mauvais score pour un film avec Cameron Diaz depuis... Very Bad Things.
5. employé au Langley Research Center (NASA), Arthur a conçut les caméras embarquées dans la sonde orbitale Viking envoyée vers Mars.

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